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Sous-traitance étrangère : au moins 10 milliards de dollars en services
Abderrahmane Mebtoul. Expert international et professeur en management stratégique
Publié dans El Watan le 28 - 02 - 2011

- Comment se présente le marché de la sous-traitance en Algérie ?
Son développement reste encore insignifiant et seulement quelques 500 entreprises sont recensées dans la filière selon la déclaration récente du président du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME courant 2010. Il s'agit de procéder à l'analyse du potentiel de l'offre algérienne sur un plan macroéconomique et microéconomique, à l'examen des objectifs de la filière en identifiant les marchés cibles à l'exportation et le positionnement de la concurrence, à l'étude des exigences réglementaires en matière de mise à niveau qualitative et quantitative. En matière de sous-traitance, le secteur se signale aujourd'hui par sa faiblesse. D'une manière générale il s'agit d'analyser la rubrique des importations produits par produits, voir les possibilités de substitution et à l'intérieur analyser les segments de sous-traitance. Ce travail malheureusement est embryonnaire pour ne pas dire inexistant. Or, il y a 4 milliards de dollars d'importations de biens et de biens sous-traités par le seul pétrolier Sonatrach et plus de 600 produits étaient importés par Sonelgaz. D'une manière générale, on trouve des entreprises étrangères dans la majorité des départements ministériels qui importent des pièces pour la maintenance, au détriment des sociétés algériennes. Or, en moyenne entre 2008 et 2009, 3400 entreprises en  France ont généré 31 milliards d'euros en chiffre d'affaires. En Italie, elles sont 8400 pour 34 milliards d'euros de chiffre d'affaires. En Espagne, elles sont 19 000 avec un chiffre d'affaires de 40 milliards d'euros, soit 11% de l'industrie espagnole. Quelque 2000 entreprises existent au Maroc avec 190 000 emplois. En fait, la sous-traitance peut être définie comme un rapport économique où une entité, appelée donneur d'ouvrages, demande à une autre entité indépendante, le sous-traitant d'entreprendre la production ou la transformation d'un matériel, d'une composante, d'une partie, d'un sous-ensemble ou de fournir un service industriel selon les caractéristiques définies par le donneur d'ouvrages. Les commanditaires choisissent leurs sous-traitants selon des considérations de prix, de qualité et de délais. S'il est assez facile d'obtenir le respect des prix, il n'en est pas toujours de même en ce qui concerne la qualité et les délais. Pour éviter les risques, les commanditaires imposent souvent des inspections aux sous-traitants ou des certifications (du type ISO 9000).

- A combien est estimé en valeur le marché de la sous-traitance en Algérie ?
Conformément aux directives du programme des Nations unies pour le développement ((PNUD) et de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel ( ONUDI) avec l'appui du ministère de l'Industrie et de la restructuration, il a été procédé en 1992 à la création de la Bourse algérienne de sous-traitance et de partenariat (BASTP), un organisme qui active aujourd'hui en quatre réseaux (Est, Centre, Ouest et Sud) coordonnés par le Conseil national de la sous-traitance, créée en 2003 par le ministère de la PME et de l'Artisanat. La SNVI travaille actuellement avec 300 à 500 sous traitants selon la fluctuation de son activité. Elle gravite autour de trois pôles : Roubia - Réghaïa, Oued Hamimine (Constantine) et Sidi Bel Abbès. Sonelgaz travaille avec 3000 sous-traitants, mais reste Sonatrach dont la majorité de ses activités sont externalisées alors que les compétences existent. Le marché de la sous-traitance est estimée à environ 3,5 à
4 milliards de dollars mais beaucoup plus si l'on inclut les services dont le poste au niveau de la balance des paiements est passé de 3 milliards de dollars en 2004 à 10/11 milliards de dollars entre 2009/2010 privilégiant les bureaux d'études étrangers.


- Comment peut-on remédier à cette situation ?
L'objectif serait d'avoir 50% de parts de marché des nationaux ce qui donnerait avec les services un marché de 10 milliards de dollars sans compter les effets indirects de densification du tissu productif et la création de milliers d'emplois à valeur ajoutée Par exemple, la sous-traitance dans le domaine des TIC à l'instar de l'Inde, présente des opportunités réelles pour l'Algérie, compte tenu de la disponibilité des compétences et d'une main d'œuvre qualifiée et bon marché; de la proximité géographique avec des marchés potentiels (Europe, pays arabes). Dans le secteur des TIC, on peut cibler certaines activités qui font l'objet d'un commerce mondial très dynamique et qui sont bien connus par leur forte tendance à pratiquer la sous-traitance notamment des services suivants: les services informatiques ; les services de recherche et développement.

- Pensez-vous que l'actuel code algérien des marchés publics encourage la sous-traitance à se développer ?
La nouvelle mouture du code des marchés publics publiée le 27 octobre 2010 au Journal officiel privilégiant les opérateurs locaux qu'ils soient publics ou privés dans l'attribution des marchés publics relevant le taux de 15% à 25% de la marge maximale de préférence reconnue à l'entreprise locale dont le capital est majoritairement national, ainsi qu'aux produits et services locaux lors des soumissions aux marchés publics. Cela n'est que la suite logique des dispositions de la loi de finances complémentaire 2009, qui stipulent que pour les investissements, le local dispose de 51% au minimum dans le capital social et l'étranger 49% au maximum. Selon l'article 24 du nouveau code des marchés publics, « les cahiers des charges des appels d'offres internationaux doivent prévoir l'obligation pour les soumissionnaires étrangers, d'investir dans le cadre d'un partenariat, dans le même domaine d'activité, avec une entreprise de droit algérien, dont le capital est détenu majoritairement par des nationaux résidents » ce qui a été déjà mentionné dans la loi de finances complémentaire (LFC) 2010. Le code des marchés publics prévoit aussi trois sanctions pour toute infraction à cette réglementation : la résiliation du marché, si avant sa concrétisation le partenariat n'est pas mise en œuvre ; l'application de pénalités financières pouvant atteindre 20% du montant du contrat et l'inscription de l'entreprise étrangère sur une liste d'entreprises interdites de soumissionner aux marchés publics algériens. Aussi, de plus en plus d'experts algériens préconisent de lever ce voile juridique de peu d'efficacité économique et de mettre en place un autre indicateur d'appréciation beaucoup plus significatif qui est celui d'une balance devises positives c'est à dire que les entrées en devises doivent être supérieures aux transferts.

- Quelle est la meilleure formule dans le domaine de sous-traitance pour arriver à faire de l'intégration ?
En donnant une préférence de 25% c'est-à- dire accroître le taux de profit local (rentes de situation) de ce taux par rapport aux normes internationales, ce qui risque d'accroître le processus inflationniste en cas de non accumulation du savoir-faire dans un délai raisonnable. En étant conscient que toute entreprise nationale ou internationale privée est mue par la seule logique du profit, dans la pratique des affaires, l'essentiel pour l'Algérie est de favoriser une accumulation du savoir faire à la fois managériale et technologique, grâce à un partenariat gagnant/gagnant, l'objectif étant une valeur ajoutée interne positive. Sans chauvinisme, les investisseurs étrangers qui apportent une valeur ajoutée et contribuant à la dynamisation de la production et exportation hors hydrocarbures sont utiles. Dans ce cadre, il faut éviter une sous-traitance que j'appelle illusionniste car les sous traitants eux mêmes devenant importateurs des principaux composants. Il faut une valeur ajoutée interne. Par exemple les sous traitants de Sonelgaz et de la SNVI créent-ils une valeur ajoutée locale ? Quel est le taux d'intégration nationale de Sonatrach, Sonelgaz SNVI, SNTF, des entreprises ayant contribué à la réalisation de la route Est-Ouest, pour ne citer que ces sociétés ? Existe t-il une définition des priorités d'une politique industrielle et l'organisation de filières privilégiant la création de valeur interne évitant ce terme qui souvent ne veut rien dire en termes opératoire, intégration à 100% comme ce mythe celle d'une usine de voitures à 100% algérienne alors que la filière est internationalisée.
- Que pèse le marché de la sous-traitance à l'échelle mondiale et quelle est la part algérienne ?
Selon une revue spécialisée française de 2010, la France a relativement peu recours à la sous-traitance (moins de 5% du PIB) contrairement à des pays comme le Royaume-Uni (plus de 12%), les Etats-Unis, le Canada (9%) soit environ pour les USA 140 milliards de dollars et les pays nordiques (Finlande, Suède et Danemark avec 9% du PIB). Les données rapportées au secteur industriel donnent plus de 20% en Europe, près de 30% aux Etats-Unis ; le record étant détenu par le Japon où elle compte pour plus de 50% dans l'activité industrielle. Une étude récente estimait la contribution de la sous-traitance au sein de l'Union européenne, à plus de 400 milliards d'euros et plus de 7 millions d'emplois. Plus près de nous, des pays voisins comme la Tunisie ou le Maroc en ont fait le socle du développement de leur industrie nationale en tentant de l'arrimer à des donneurs d'ordre européens. Pour l'Algérie qui a un PIB d'environ 16 000 millions de dollars, à peine 0,03% du PIB mondial, le taux tend vers zéro alors que les importations en 2011, selon le FMI, sont évaluées à plus de 51 milliards de dollars en raison de l'importance de la dépense publique.


- Quelle conclusion en tirez-vous ?
Si on veut éviter le gaspillage des ressources financières, cela suppose que l'on réponde au moins à quatre questions qui concernent d'ailleurs l'ensemble de la politique industrielle future et de la sous-traitance en particulier. En bref, la dynamisation de la sous-traitance est intimement liée à un changement de politique socio-économique l'actuelle étant mue uniquement par la dépense monétaire et particulièrement à une autre vision de la politique industrielle tenant compte des nouvelles mutations mondiales ce qui implique une mutation systémique quid dépasse le cadre de l'économique et qui interpelle le politique comme l'a montré brillamment le prix Nobel d'économie, l'économiste indien Amartya SEN.


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