Les étudiants menacent de recourir à une grève de la faim et à des sit-in devant le Palais du gouvernement et la Présidence dans les prochaines semaines. Le mouvement touche aussi bien les grandes écoles que les universités. Le mouvement des étudiants se radicalise. La grève illimitée est officielle depuis hier et elle est accompagnée d'une menace de recourir à une grève de la faim et à des sit-in devant le Palais du gouvernement et la présidence dans les prochaines semaines si la totalité de leurs revendications ne sont pas prises en charge. Cette contestation qui va en grandissant depuis des semaines touche aussi bien les grandes écoles que les universités. Pour l'Union qui défend les revendications des huit grandes écoles (ENP, EPAU, ESI, ENSA, ENSH, Enssmal, Enssea et ENSTP), le maintien de cette grève s'explique par «l'abrogation du décret n°10-315 du 13 décembre qui ne peut pas être exécuté tant qu'il ne paraît pas sur le Journal officiel et le fait que les représentants des étudiants soient exclus des deux conférences, régionale et nationale, des 20 et 27 mars», explique Salim, délégué de l'Ecole nationale polytechnique. Après la longue réunion tenue dimanche dernier, les revendications de ces étudiants grévistes se précisent : une demande d'obtention d'un double diplôme permettant de faire l'équivalence entre le mastère 2 et l'ingéniorat avec l'accès aux mêmes avantages que les étudiants de mastère, notamment le droit aux bourses à l'étranger, mais aussi la création d'une école doctorale avec accès par concours. Les universités, de leur côté, maintiennent également la pression dans les différentes régions du pays. Omar, délégué de l'université de Boumerdès, défend la démarche des étudiants grévistes : «Nous travaillons en coordination avec diverses universités, notamment celles de Tlemcen et de Mostaganem et il est clair pour nous que la protestation continuera tant que toutes les revendications ne sont pas satisfaites.» Même position dans la capitale de l'Ouest où «les étudiants attendent que les dernières décisions prises par le ministère se traduisent par une concrétisation tangible», explique Mohamed, délégué de l'université d'Oran. A Béjaïa, la contestation a été forte hier. Les étudiants ont effectué une marche menant jusqu'à la wilaya où ils ont déposé leur plateforme de revendications. «Nous voulons créer une coordination nationale des universités pour remettre en question toutes les réformes entreprises depuis les années 1980. Nous demandons une démocratisation de l'université algérienne et voulons combattre tous les abus de pouvoir de l'administration», précise de façon tranchante Yahia, étudiant en post-graduation à Béjaïa. Ainsi, l'abrogation, la semaine dernière, du décret n° 10-315 du 13 décembre et l'instruction donnée par le ministère d'organiser des plannings de discussion semblent se heurter à la détermination des étudiants à voir tous leurs problèmes être pris en charge de façon immédiate et réelle.