Les affrontements entre les pro-Gbagbo et pro-Ouattara ont fait 48 morts en une semaine. Le panel de chefs d'Etat africains chargé de dénouer la crise ivoirienne s'est retrouvé hier à Nouakchott, avant de revenir à Abidjan au moment où une flambée de violences fait craindre une guerre civile. «Cette rencontre traduit notre détermination à explorer toutes les possibilités permettant de régler de manière pacifique et consensuelle la crise qui menace la survie, voire l'existence même de la Côte d'Ivoire», a déclaré le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président du panel, au début de la rencontre. De la stabilité de la Côte d'Ivoire «dépend celle de la sous-région et la préservation des acquis démocratiques au niveau de notre continent», a-t-il ajouté, entouré de Jacob Zuma (Afrique du Sud), Jakaya Kikwete (Tanzanie), Idriss Deby Itno (Tchad) et Blaise Compaoré (Burkina Faso). Avec le retard pris en Mauritanie, le panel pourrait arriver en Côte d'Ivoire «aujourd'hui (hier) ou demain (aujourd'hui), samedi», selon une source diplomatique africaine à Abidjan. Les médiateurs étaient venus à Nouakchott une première fois le 20 février pour étudier des propositions de sortie de crise. Quatre d'entre eux s'étaient rendus le lendemain à Abidjan pour des entretiens avec les deux rivaux : le chef d'Etat sortant, Laurent Gbagbo, et Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale après le scrutin de novembre dernier. Récusé par le camp Gbagbo qui l'accuse d'avoir pris parti pour M. Ouattara, Blaise Compaoré n'avait pas fait le déplacement à Abidjan, officiellement pour «raisons de sécurité». Il ne viendra pas non plus cette fois. Mis en place par l'UA fin janvier, le panel avait initialement jusqu'à fin février pour élaborer des solutions «contraignantes». Craintes de scission Mais ce délai a été repoussé d'un mois, illustrant les divisions et les difficultés du quintette. Avant même la visite des médiateurs, l'un d'eux, Idriss Deby Itno, a appelé MM. Gbagbo et Ouattara à «un cessez-le-feu». Car la situation dans le pays se dégrade chaque jour, faisant craindre au Conseil de sécurité de l'ONU une «résurgence de la guerre civile» après les combats de 2002-2003 qui avaient coupé le pays en deux, le nord étant aux mains de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) désormais alliée à M. Ouattara. Cinquante personnes ont été tuées dans des violences entre le 24 février et le 3 mars, portant à au moins 365 le nombre de tués depuis fin 2010, selon la force de l'ONU dans le pays, l'Onuci. Ce bilan ne prenait pas en compte la mort de sept femmes, tuées par balle lors d'une manifestation à Abidjan par les Forces de défense et de sécurité (FDS) de Laurent Gbagbo, selon le dernier bilan de l'Onuci. Les FDS ont nié vendredi toute responsabilité dans ce drame, protestant contre une «accusation forcément mensongère et sans fondement». La presse pro-Gbagbo attribuait, hier, les tirs aux insurgés qu'ont affrontés la semaine dernière les FDS dans ce quartier d'Abobo (nord), et qui sont, selon elle, des éléments FN infiltrés. Sur le plan humanitaire, la situation est également préoccupante. Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a annoncé avoir suspendu certaines de ses opérations dans l'ouest ivoirien, à cause de la dégradation de la sécurité. Dans la région s'affrontent depuis plusieurs jours FDS, soutenues par des miliciens, et combattants FN. L'insécurité a poussé «plus de 200 000 personnes» hors d'Abobo et, dans l'ouest, plus de 70 000 habitants ont fui le pays, principalement vers le Liberia voisin, selon l'ONU.