Le panel de médiateurs, dont fait partie le président sud-africain Jacob Zuma, semble opter pour une solution de compromis pour désamorcer la crise ivoirienne : partage de la Présidence ou gouvernement d'intérim jusqu'à de nouvelles élections. Le bras de fer opposant Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara risque à terme de mener le pays vers une grave déstabilisation. Le panel de l'UA, créé pour dénouer la crise ivoirienne, a rencontré Gbagbo au palais présidentiel à Abidjan, ainsi que son rival Ouattara. Outre le président sud-africain, la médiation est composée du Tchadien Idriss Deby Itno, du Tanzanien Jikaya Kikwete et du Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. De son côté, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CDEAO), partisane d'une ligne plus dure, a critiqué le fait que le panel de l'Union africaine ait maintenu sa visite à Abidjan en dépit de menaces contre le président burkinabé Blaise Compaoré qui a dû annuler sa participation. «La commission de la CDEAO s'est inquiétée de voir que le panel a malgré tout décidé d'effectuer immédiatement la visite, sans la participation d'un membre important, dont les contributions au processus de paix en Côte d'Ivoire sont inestimables et méritent de meilleures appréciations et davantage de respect», a estimé la CDEAO. Compaoré, ex-médiateur du processus de paix ivoirien (2007-2010), et James Victor Gbeho, président de la commission de la CDEAO, ont annulé leur venue cette semaine à Abidjan invoquant des raisons de sécurité. Les quatre autres chefs d'Etat membres de ce panel sont à Abidjan où ils devaient soumettre leurs propositions au président sortant Laurent Gbagbo et à son adversaire Alassane Ouattara. Le camp Gbagbo a toujours soupçonné Blaise Compaoré de soutenir Alassane Ouattara. Plus d'un millier de partisans du président sortant, opposés à sa venue, l'attendaient à l'aéroport. La pression a poussé Compaoré à renoncer. Pour la commission de la CDEAO, la situation à Abidjan n'était pas propice à la tenue d'une telle mission. Après bientôt trois mois de crise, le camp Ouattara, probablement inspiré par les révolutions populaire en Tunisie et en Egypte, a appelé ses partisans à se mobiliser pour renverser l'ordre établi. Selon la presse locale, au moins six personnes ont été tuées lundi dernier dans des affrontements très violents entre les adeptes de Ouattara et les Forces de défense et de sécurité loyales à son rival, le président en poste. La crise ivoirienne a fait au moins 300 morts dans des violences depuis la mi-décembre, selon l'ONU. M. B.