Cela faisait plusieurs mois que les Algériennes et Algériens du Canada n'avaient pas montré un engouement particulier pour les activités musicales de la communauté à Montréal. Montréal (Canada) De notre correspondant Ce n'est certainement pas l'envie ou l'intérêt qui manquait. «Aucun organisateur d'événements n'avait réussi à attirer une tête d'affiche comme Hamidou», affirme un connaisseur de la scène culturelle communautaire à Montréal pour expliquer cette torpeur culturelle. L'annonce de la venue du chanteur Hamidou a complètement changé la donne. Dès que l'information a commencé à circuler sur Internet et Facebook, la frénésie était devenue perceptible à tel point que les billets du concert se sont retrouvés en revente sur les sites des petites annonces. C'est donc à guichet fermé que le fils du quartier algérois d'El Mouradia (ex-Golf) a donné samedi dernier son concert à Montréal – le deuxième en un peu plus de cinq ans, après celui de 2005. La salle de spectacles du collège Maisonneuve ressemblait à s'y méprendre à une salle des fêtes algérienne le jour d'un mariage, les mariés en moins toutefois.Des familles avec enfants et bébés se sont déplacées pour écouter le chanteur aux multiples registres musicaux (andalou, hawzi, algérois et kabyle). Certains sont même venus de New York (Etats-Unis). Arrivé vendredi soir par un vol d'Air Algérie, l'un des sponsors de l'événement, Hamidou, est monté sur scène moins de vingt-quatre heures après. Juste le temps de faire connaissance avec l'orchestre de six musiciens algériens vivant au Canada et dont le plus visible reste le jeune Salim Bouzidi, le chef d'orchestre de l'ensemble musical les Amis de la musique andalouse de Montréal (AMAM). Au bonheur de ces dames du public qui était au bord de la crise de larmes le long de la soirée. Le chanteur montréalais, Djamel Lahlou, qui a organisé ce concert et dont le dernier album, Ressourcement, a été confectionné en collaboration avec Hamidou, a assuré la première partie de la soirée. Sources et ressources Toujours fédérateur, il a fait appel pour l'animation à l'ex-présentateur du journal télévisé en français de la Télévision algérienne et actuel rédacteur en chef au service Internet de Radio Canada, Soleïman Mellali. Une belle surprise pour les fans montréalais de Hamidou qui se recrutent dans cette génération qui a commencé à quitter l'Algérie dans les années 1990. Des fans qui allaient de la (ou du) nostalgique Djawla fellil, qui est considérée comme la première chanson rap en Algérie, au fin connaisseur de l'andalou en passant par le hawzi et le kabyle, ou bien à la simple admiratrice du charme du chanteur qui performait sous le regard admiratif de sa femme installée à la première rangée. Il y en avait pour tous les goûts. Accueilli sur scène par une longue salve de youyous qui a «amusé» les ingénieurs de son de la salle, Hamidou a rapidement pris le pouls de l'assistance avec Ahlane oua sahlane bikoum décliné en arabe et en kabyle. Il a compris que ce public avait vraiment besoin d'un tel concert. «Twahachtou !» (ça vous manquait), a-t-il lancé aux présents qui le lui ont rendu par une longue ovation et des youyous, évidemment. S'en est suivi un enchaînement de chansons puisées dans toutes les régions d'Algérie. Du premier téméraire qui a commencé à danser dès la première note de l'ancien élève de l'ensemble musical El Fakhardjia, jusqu'au dernier son, le devant de la salle de 600 personnes n'a pas désempli. L'organisateur, tout content du taux de remplissage de la salle, s'est même permis de déborder sur le temps prévu et la soirée a pris fin vers minuit. «Un nombre plus important que celui de toutes les dernières manifestations devant le consulat d'Algérie à Montréal !», fait remarquer une mauvaise langue…Le public a rendez-vous ce 19 mars avec la chanteuse Esma Djermoune qui chante pour la première fois au Canada avec le chanteur montréalais Brahim Sedik.