La Coupe du monde de football se conjugue à toutes les rubriques d'un journal. Même si le Canada n'est pas connu pour être un pays de soccer (le nom local du sport-roi) avec une seule et unique participation au Mondial en 1986, la bruyante célébration des fans de l'équipe nationale à Montréal a attiré les médias canadiens et pas seulement leurs sections sport. Montréal (Canada) de notre correspondant La presse (www.lapresse.ca), journal montréalais considéré comme le plus grand quotidien francophone d'Amérique du Nord avec un million de lecteurs, est allé jusqu'à envoyer en Algérie une de ses journalistes chevronnées pour couvrir le Mondial à partir d'Alger. Laura Julie Perreault, reporter à la rubrique monde, a séjourné en Algérie pendant la première semaine du Mondial sud-africain. « Le journal La presse n'avait pas envoyé de journalistes en Algérie depuis dix ans. Cette Coupe du monde nous permet de voir de plus près les changements qu'a connus l'Algérie juste après la décennie noire », explique cette spécialiste de l'ailleurs qui a à son actif une quinzaine de pays musulmans parcourus. Elle est la seule journaliste étrangère venue couvrir la participation algérienne au Mondial, selon une source du ministère de la Communication. De son séjour algérien, elle a déjà produit quelques articles sous le thème du football comme thérapie collective ayant suivi la décennie noire et la politique de réconciliation nationale. Le football et les femmes, ainsi que les origines « émigrées » de la majorité des joueurs de l'équipe nationale l'ont aussi intéressée. Ironiquement, pratiquement toutes les portes lui étaient ouvertes en Algérie sauf celle de l'ambassade du Canada à Alger où elle s'est fait dire que « l'ambassade canadienne à Alger peut parler aux journalistes algériens, mais pas aux journalistes canadiens ». Au bout d'une semaine, l'équipe nationale n'avait plus aucun secret pour notre journaliste : les noms des joueurs, les slogans (Maâk yal khadra…), l'histoire de l'équipe nationale, ses prouesses, qui a fait quoi ou qui a provoqué quoi… ! De son côté, Radio Canada (radio, télévision et internet), le diffuseur public du pays de l'Erable a mis le paquet sur ce Mondial et la participation algérienne a été soulignée à plus d'un titre. Radio Canada Une présence en direct était assurée à partir du quartier Le Petit Maghreb à l'occasion des matches de l'équipe nationale. « Contre la Slovénie, on a pu voir le dépit des Algériens tous vêtus aux couleurs de l'équipe nationale. Contre l'Angleterre, on a vu la rue Jean Talon en folie, avec les ‘‘1, 2, 3 Viva l'Algérie'' en direct sur RDI (la chaîne d'information francophone en continu) », raconte Akli Aït Abdallah, journaliste à Radio Canada. Radio Canada a acquis les droits de retransmission du Mondial sud-africain, contrairement aux autres Coupes du monde. « La couverture a énormément évolué. Elle était purement sportive et en studio lors des autres Mondiaux. Cette année, Radio Canada a des équipes sur place qui abordent bien sûr l'événement sportif mais aussi les angles politique, social et économique à travers plusieurs émissions. Tout le réseau y met sa force », explique cet ancien journaliste d'Algérie Actualité. « On sait que le football est très populaire dans les communautés culturelles (l'immigration), mais aussi de plus en plus dans la société en général. Et si on veut avoir une télévision qui ressemble un peu à la population qu'elle sert, on doit couvrir. C'est impératif. Le fait d'avoir acquis les droits est une décision éditoriale, politique et sportive, tout ça à la fois », conclut Akli Aït Abdallah qui a collaboré aussi à un dossier pour le web et la radio qui présente 15 pays mondialistes dont l'émigration au Canada est significative. Pour l'Algérie, il a choisi Aïssa Lamri, animateur de radio communautaire et mordu de football, « la personne idéale », selon lui, pour parler de « football, de Mondial, d'émigration, de communauté, d'intégration, de bonheur, de peine… ».