Les transporteurs privés assurant les lignes Cherarba (Eucalyptus)-Boumati sont en grève illimitée. C'est l'insécurité et l'anarchie menaçant la vie de ces transporteurs qui motivent l'action de protestation, suivie par la totalité des chauffeurs de bus affiliés à l'Union nationale des transporteurs. «L'APC des Eucalyptus et les services de sécurité, saisis pour soulager la souffrance, ne sont jamais intervenus sur la question», accusent les représentants des transporteurs qui ont aligné leurs bus à l'extérieur de la station. A l'origine du débrayage, les actes de violence dont font l'objet, quotidiennement, les chauffeurs de bus et leurs receveurs. «Des individus armés de couteaux et de sabres investissent la station de Cherarba et réclament des sommes d'argent. Nous nous faisons racketter chaque jour. Il y a même eu des agressions», raconte Riyad, un transporteur desservant la ligne Cherarba-Boumati. «Plusieurs plaintes ont été déposées, mais aucune intervention n'a été enregistrée», se plaint-il également. Les grévistes rappellent que ces actes de violences sont restés impunis. «Un receveur a même été poignardé», précise-t-on également. Les transporteurs dénoncent aussi les clandestins assurant les mêmes lignes en toute impunité. «Ces clandestins investissent la station, ce qui rend difficile toute opération de contrôle», précise-t-on également. Le préjudice causé par la concurrence déloyale faite aux transporteurs réguliers est également important, précisent les protestataires. Le P/APC des Eucalyptus est pointé du doigt comme étant le responsable «du pourrissement de la situation du transport public dans la région. Nous avons saisi les responsables de la sûreté urbaine et le procureur du tribunal d'El Harrach, qui nous ont explicitement dit que l'existence des transporteurs informels rend impossible toute intervention des services de sécurité». Un doigt accusateur est pointé vers l'APC, qui «a autorisé ces individus à travailler dans l'informel». Une réunion a été tenue, avant-hier, avec le P/APC des Eucalyptus, «sans que des décisions soient prises à l'encontre des transporteurs informels», indique le représentant local de l'Union nationale des transporteurs. Les fraudeurs seront régularisés Selon M. Ouicher, P/APC des Eucalyptus, le dossier de l'insécurité des stations de bus est une des préoccupations «majeures» de l'APC. Le problème, selon ce maire, n'est pas lié à des gangs armés, mais à des jeunes engagés par les fraudeurs pour collecter des «taxes» afin d'organiser le stationnement, explique le même responsable. Ce procédé, même illégal, a toujours été employé par les transporteurs. M. Ouicher, qui se dit «conscient» des préjudices causés aux transporteurs, rappelle que les fraudeurs étaient tolérés, car ce sont eux qui ont assuré le désenclavement de la commune au moment où le terrorisme empêchait les gens de prendre les bus. Selon M. Ouicher, un processus de régularisation des fraudeurs est en place. C'est à travers le dispositif Ansej que seront intégrés ces chauffeurs.