L'état de la route qui relie le chef-lieu de la commune à Boussedra est des plus déplorables, à la limite de l'impraticable, ce qui dissuade les transporteurs à s'y rendre. De Sidi M'Jdjahed, la commue mère, nous empruntons la RN 46 en direction de Sebou. Nous roulons quelques kilomètres et nous arrivons au niveau d'une bifurcation. Deux jeunes personnes qui faisaient du stop nous indiquaient la route qui mène à Bousedra sinon aucune signalisation n'existe à cet effet. Nous empruntons une route tapissée de goudron antédiluvien et qui n'est en fait qu'un ensemble de lambeaux éparpillés. Nous roulons environ 5 km et nous arrivons devant un groupe de maisons accroché au flanc d'une montagne. Nous sommes à Bousedra une contrée située aux confins de la commune de Sid M'Jahed. Là on a l'impression que le temps s'est arrêté depuis bien longtemps. Aucun indice indiquant la réalisation d'un quelconque projet de développement n'est apparent, aucun réseau téléphonique n'est fonctionnel. Le village paraît complètement abandonné. Les habitants nous accueillent avec le sourire et nous souhaitent la bienvenue. C'est l'effervescence aujourd'hui à Boussedra qui connaît les honneurs d'une visite particulière. Les autorités civiles et militaires de la commune, la famille révolutionnaire et quelques représentants de la presse locale étaient là. L'occasion était de se recueillir devant la stèle érigée à la mémoire de 6 martyrs dont les restes ont été récemment découverts. C'était aussi l'occasion rêvée pour les villageois qui se sentent pris dans le cercle de l'abandon et l'isolement d'exprimer avec des mots simples leur ras-le-bol et leur désarroi. L'état de la route qui relie le chef-lieu de la commune à Boussedra est des plus déplorables, à la limite de l'impraticable, ce qui dissuade les transporteurs à s'y rendre. Le village ne compte ni centre de soin ni lieu culturel d'ailleurs pas même une épicerie. La canalisation n'a jamais fonctionné Encore heureux que le hameau soit électrifié mais l'éclairage public fait défaut.A Boussedra il n'y a pas d'école. Les enfants, pour leur scolarité, quittent le foyer familial et rejoignent un membre de la famille, un oncle ou une tante résidant à Sidi M'Jdjahed. Abdelkader, 14 ans, interrogé sur sa scolarité, se contente de répondre : «Je ne vais pas à l'école c'est loin». Nour El Houda, une adorable petite fille de 9 ans, est scolarisée à Sidi M'Djahed. Elle vit chez sa tante et ne recouvre l'amour parental que les weekends ou pendant les vacances. «Je suis en 2AP, j'ai raté une année à cause de l'éloignement mais je suis bonne élève» lance fièrement la petite innocente. Les villageois s'interrogent aussi sur des projets qui ont été inscrits dans le hameau dans le cadre du PPDRI mais qui n'ont pas été réalisés. Il s'agit de l'ouverture d'une piste de 4 km reliant Boussedra à Tazaghine, ainsi que la construction de 11 habitas ruraux. Mais ce qui semble intriguer sérieusement les habitants de Boussedra c'est le réseau d'assainissement réalisé mais qui n'a jamais fonctionné. «Où sont déversées les eaux usées domestiques ?» s'interrogent les villageois. En effet, nous nous sommes rendus à l'oued, point de déversement du réseau d'assainissement mais apparemment cette canalisation n'a jamais fonctionné. «Nous avons versé 18 citernes de 3000 litres chacune au niveau du premier regard qui est le point du départ du réseau cette importante quantité d'eau n'est jamais parvenue à l'extrémité du réseau au niveau du déversoir pourtant la pente est très importante alors où va cette eau?» s'interrogent les villageois.En somme, la contrée de Boussedra est tout bonnement oubliée. «Le désenclavement de notre hameau et son rattachement au reste de la commune sont une nécessité vitale pour notre survie qui en dépend» conclut un citoyen.