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Alerte à la pollution des nappes
Alimentation en Eau dans le centre du pays
Publié dans El Watan le 04 - 12 - 2005

L'Agence du bassin hydrographique Algérois-Hodna-Soummam (AHS) est un organisme du département ministériel de l'hydraulique, créé le 26 août 1996 par décret n°96-279. Il doit veiller à ce que soient satisfaits les besoins en eau sans cesse croissants des populations, de l'agriculture et de l'industrie de 14 wilayas.
C'est un territoire qui est limité au Nord par la mer Méditerranée, à l'Est par le bassin de la Soummam, à l'Ouest par le bassin du Cheliff-Zahrez et au Sud par le bassin du Hodna. A l'intérieur de cette étendue, qui regroupe 460 communes, sont réparties 1526 agglomérations urbaines et rurales, pour une population qui dépasse 10 millions d'habitants. Les interventions et les débats lors de cette rencontre avec les agriculteurs de la wilaya de Tipaza, tenue au niveau du siège de la Chambre d'agriculture de la wilaya de Tipaza en cette journée du 27 novembre, étaient axés sur les différents éléments qui gravitent autour des principes de la nouvelle politique nationale de l'eau. Les responsables de l'AHS ont mis l'accent sur la nécessité de gérer rationnellement l'eau à l'intérieur et à l'extérieur des maisons, sachant que chaque personne est impliquée dans son utilisation, bien entendu sans perdre de vue le volet lié à la qualité de cette eau, afin de pouvoir préserver cette ressource stratégique pour les futures générations du pays et les épargner d'un désastre environnemental. Malheureusement aujourd'hui, la qualité des ressources en eau est affectée par plusieurs sources de pollution. Entre l'embouchure de l'Oued Réghaïa et celle de l'Oued Mazafran, 45 points de rejets domestiques ont été localisés, déversant un volume d'eau usée de 600 000 m3 quotidiennement, alors que la quantité générée par les déchets solides, selon les statistiques de l'agence de bassin AHS, s'élève à 16 000 t/j. La pollution agricole s'est caractérisée par l'utilisation excessive des engrais chimiques et des produits phytosanitaires. Le volume des eaux usées industrielles rejetées quotidiennement s'élève à 20 000 m3. Des mesures de fermeture définitive des champs de captage ont été prises en raison du niveau élevé de pollution. Or, pour garantir le succès à un développement global et durable, la prise en charge de la gestion intégrée des ressources hydriques s'avère impérative. En matière de ressources en eau souterraine et superficielle, le constat fait ressortir un niveau de pollution inquiétant. La sécheresse, la multiplication des forages illicites dans l'impunité, l'intrusion des eaux marines, tels sont des éléments qui risquent d'être à l'origine d'une catastrophe écologique et entraîneront la disparition des nappes côtières qui demeurent très vulnérables. Au niveau du meilleur champ de captage de la Mitidja, en l'occurrence celui du Mazafran, la disparition des forages jaillissants (ndlr, artésienne) constitue un indice révélateur sur la chute vertigineuse du niveau d'eau. Durant la décennie 1970, le niveau ne dépassait guère 1,5 m. Aujourd'hui, ce même niveau dépasse 70 m. Le champ de captage du Hamiz, qui est aussi important, est actuellement confronté à un énorme risque lié à l'intrusion des eaux marines. Au niveau de la baie d'Alger, l'intrusion des eaux marines a fait reculer la nappe d'eau douce de 2 km, selon un technicien de l'Agence nationale des recherches hydrauliques (ANRH). Cette situation a poussé les fellahs à abandonner le travail sur leurs terres affectées par la salinité. Selon un responsable de l'ANRH, les solutions pour atténuer à court terme les dégâts existent, en utilisant les techniques de recharge artificielle des nappes souterraines, grâce aux lâchers des eaux du barrage et les techniques des bassins d'infiltration. Les résultats des différentes expériences effectuées par les techniciens de l'ANRH avaient donné des chiffres spectaculaires. La mise en place par l'ANRH d'un important réseau de piézomètres est en cours. D'ailleurs, le Centre nucléaire d'Alger a été sollicité pour définir l'origine de la salinité des eaux des nappes souterraines. Les autorités des wilayas ne doivent plus permettre aux agriculteurs et aux industriels d'engager des travaux de forage, avant l'établissement des cartes de vulnérabilité des nappes côtières. La multiplication des stations de traitement des eaux usées permettra aux fellahs et aux industriels de réutiliser utilement et à bon escient l'eau traitée. Gérer l'économie et la qualité des ressources en eau constitue une priorité pour les pouvoirs publics, mais la société civile doit être impliquée pour relever le défi et mettre le pays à l'abri des situations dramatiques à l'avenir. Mekki Abrouk, directeur général de l'agence de bassin AHS, nous a informés qu'une rencontre similaire aura lieu avant la fin de l'année en cours, dans la wilaya de Blida, non pas avec les agriculteurs, mais avec les industriels de cette même wilaya. Il faut reconnaître que l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens pour allouer des budgets faramineux au profit du secteur de l'hydraulique. A l'échelle locale, la qualité des travaux et celle des matériaux utilisés suscitent beaucoup de commentaires. Le pot aux roses risque d'être découvert dans très peu de temps, en dépit d'une gestion locale opaque, qui a échappé jusqu'à ce jour à un sérieux contrôle des autorités centrales.

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