Olivier Bommelaer, directeur des relations extérieures de l'agence de l'eau Seine-Normandie (France), a affirmé, hier en marge de l'atelier sur la communication dans le domaine de l'eau, organisé par AHS, l'agence de bassin Algérois-Hodna-Soummam, au siège de son entreprise à Kouba, que le problème de communication dans le secteur de l'eau est « immense ». « J'ai le regret de vous dire que le monde de l'eau communique très mal. Que ce soit chez vous ou ailleurs, nous ne parlons pas assez à la presse. Nous sommes en train de prêcher dans le désert », a-t-il lancé à l'adresse des journalistes présents à cette occasion et les représentants des différentes entreprises sous tutelle du ministère des Ressources en eau (ADE, etc.). Pour le conférencier, le problème de l'eau est « mondial » : « Les pays industrialisés ne donnent pas une grande importance aux ressources hydriques pour la simple raison que cela n'est pas fructifiant pour eux. » Le chiffre d'affaires dans le secteur des ressources hydriques a été estimé par le conférencier à 200 milliards de dollars, soit un pourcentage de 0,5 à 0,6 du PIB évalué lui à 33 000 milliards de dollars alors que, dit-il, les pays riches évitent de financer des projets dans un secteur qui ne « rapporte pas » au-dessous de 1% du PIB. Ces pays, clame l'expert, doivent revoir leur copie et donner plus d'importance à ce secteur névralgique qui est source de vie. Se basant sur des résultats probants, le conférencier a affirmé que des maladies et des épidémies telles que le paludisme ont été éradiquées et des milliers d'enfants ont été sauvés grâce aux différentes opérations d'assainissement réalisées. Il donnera comme exemple la Corse dans les années 1950 où la mortalité infantile a diminué de moitié. Dans le domaine de la communication, le conférencier citera l'exemple de son entreprise où la communication était inexistante. « Pendant 3 ans, la communication est restée confidentielle », a-t-il certifié. Actuellement, avec un effectif de 500 éléments, la direction de la communication de l'agence de l'eau Seine-Normandie recense, à elle seule, pas moins de 13 chargés de la communication. Le budget alloué à cette direction est de 3 millions d'euros sur un budget global de 830 millions d'euros. Intervenant, d'autres invités (Robert Guillaume, directeur de la communication et des relations extérieures de l'agence de l'eau Seine-Normandie, et Mme Chantal Mariotte, chargée de communication senior) ont mis l'accent sur la nécessité de faire participer les usagers dans la gestion durable des ressources en eau. Des techniques modernes de communication sont, selon eux, indispensables pour « une meilleure communication ». L'information doit être fiable, complète, impartiale, compréhensible et facile d'accès. Les publics ciblés sont variés. Il peut s'agir de relais d'opinion, des usagers domestiques ou des usagers économiques. Les conférenciers ont, par ailleurs, affirmé qu'il est indispensable de maîtriser les techniques de communication (réaliser des manifestations, des publications ou des CD Rom) et disposer de moyens de communication. « Il faut mobiliser des budgets suffisants et durables », ont-ils estimé. Ce n'est pas le cas du directeur de l'agence du bassin hydrographique Algérois-Hodna-Soummam, M. Mekki, qui estime qu'un budget global de 10 millions de dinars ne peut subvenir aux besoins. Quant au secteur de la communication de l'agence, la réponse est simple : « Nous n'avons rien obtenu pour cette année. » Un débat très enrichissant a été enclenché entre les présents à cette journée. Plusieurs points ont été ciblés, à savoir le gaspillage de l'eau, les forages recensés et illicites, les raccordements illicites et aussi le prix du mètre cube d'eau pratiqué par l'ADE, qui est de 3,65 da. « Si l'eau n'est pas chère, il n'y a aucune raison de l'économiser. Il faut impérativement associer économie de l'eau et prix », ont-ils conclu. Le prix du mètre cube en France est de 2,93 euros.