L'OTAN n'interviendra pas en Libye sans un mandat de l'ONU, mais la situation est mouvante et le monde peut difficilement rester l'arme au pied devant des agissements assimilables à des crimes contre l'humanité, a estimé hier le secrétaire général de l'Alliance. «Nous condamnons fortement le recours à la force contre le peuple libyen.» La violation des droits de l'homme et des lois humanitaires internationales est scandaleuse», a déclaré le secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, lors d'un point de presse. Les forces loyales au numéro un libyen, Mouammar El Gueddafi, ont mené des raids hier à Ras Lanouf, poste avancé de la rébellion dans l'est, après avoir, la veille, attaqué Misrata à l'ouest, faisant 21 morts parmi la population de cette ville, selon une source médicale. «Comme stipulé par le Conseil de sécurité des Nations unies, ces attaques généralisées et systématiques contre les populations civiles peuvent être considérées comme des crimes contre l'humanité», a ajouté M. Rasmussen à propos de l'utilisation de blindés et d'avions contre les opposants libyens. «Si El Gueddafi et ses militaires continuent à attaquer la population libyenne de manière systématique, je ne peux imaginer que la communauté internationale et l'ONU restent passives», a-t-il ajouté, qualifiant «la situation» de «mouvante». Mais, a-t-il dit à plusieurs reprises, «l'OTAN n'a pas l'intention d'intervenir» sans mandat de l'ONU, même si les responsables militaires de l'alliance atlantique ont reçu consigne de se préparer à toute éventualité. Pour empêcher l'aviation libyenne de bombarder, les Français et les Britanniques vont soumettre «assez vite», au Conseil de sécurité de l'ONU, un projet de résolution instaurant une zone d'exclusion aérienne dans l'espace aérien libyen, a indiqué hier un diplomate au siège des Nations unies à New York. Zone d'exclusion Et, à Washington, le président américain, Barack Obama, a prévenu que l'OTAN menait des consultations «au sujet d'une gamme étendue de possibilités, dont des options militaires potentielles, en réaction à la violence qui continue en Libye». «L'imposition d'une zone d'exclusion aérienne est une opération militaire», a souligné M. Rasmussen, en relevant que pour l'instant «le Conseil de sécurité n'avait pas autorisé le recours à la force» contre le régime libyen. Il a répété que «les événements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ne représentent pas une menace directe» pour l'alliance atlantique, mais a confirmé que «la Libye serait en haut de l'ordre du jour» de la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN jeudi et vendredi prochains à Bruxelles. Les 28 ministres, parmi lesquels l'Américain Robert Gates, «discuteront de la situation en Libye, mais aussi des perspectives à plus long terme pour la région», où souffle, a-t-il noté, «un vent de liberté et de démocratie». Branle-le-bas de combat Quant à l'aide humanitaire et à l'embargo sur les armes à destination de la Libye déjà décidés par le Conseil de sécurité, M. Rasmussen a souligné que «personne n'avait demandé à l'OTAN d'intervenir» pour les faire appliquer. Pour le secrétaire général de l'alliance militaire occidentale, par ailleurs, «il est de la plus haute importance que l'OTAN se coordonne étroitement avec l'Union européenne, ainsi qu'avec d'autres organisations internationales». Une coordination qui sera facilitée par la tenue, à Bruxelles également, d'une réunion de concertation des ministres des Affaires étrangères de l'UE jeudi en préambule d'un sommet extraordinaire sur la crise libyenne de leurs chefs d'Etat et de gouvernement vendredi. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a été invitée à assister à une partie de la réunion des Alliés, dont 21 sont aussi membres de l'UE.