Il semble bien que la presse africaine n'a pas l'intention de se laisser museler. Le Zimbabwe n'a accordé aucune licence pour la production d'informations depuis 2001. L'Afrique du Sud propose des lois criminalisant le journalisme d'investigation ; le Rwanda fait fermer des hebdomadaires populaires ; le Cameroun, le Sénégal ou la République démocratique du Congo ne respectent pas le secret des sources. Le portrait 2010 du droit de la presse en Afrique, dressé par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, n'est pas des plus brillants. «Les récents évènements en Egypte et leur cortège d'attaques contre les journalistes sont encore frais dans nos mémoires, c'est le moment de rappeler au grand public l'importance de la liberté de la presse», estime-t-on au niveau du CPJ. Le rapport annuel de CPJ, présenté mardi 1er mars au siège de l'ONU, note que l'année 2010 a été marquée par l'emprisonnement de 145 journalistes et la mort de 44 autres. A travers le continent, l'accès à l'information n'est pas garanti et la protection des sources non plus. Le journalisme d'investigation est généralement banni. Le rapport note cependant qu'en Afrique, les attaques contre les journalistes sont moins nombreuses et rarement mortelles, contrairement à la situation qui prévaut en Chine ou au Pakistan, par exemple. La Somalie et l'Erythrée, classés parmi les pays qui violent le plus souvent la liberté de la presse, constituent les deux exceptions africaines dans cette catégorie. Reste que le portrait d'ensemble n'est pas plaisant. Le droit de chercher, de recevoir et de diffuser de l'information est consacré par des traités internationaux, il est aussi reconnu par la plupart des Constitutions africaines, mais il est peu respecté. Seuls 7 pays ont promulgué des lois qui garantissent l'accès à l'information : l'Afrique du Sud, le Libéria, le Sierra Leone, l'Angola, l'Ethiopie et le Zimbabwe. Mais la règle inscrite sur le papier n'assure pas son application sur le terrain. Le rapport du CPJ fait état de graves violations à la liberté de la presse commises au Cameroun, au Gabon, en Afrique du Sud ou encore au Rwanda. L'Afrique du Sud, en particulier, a tenté de faire passer un texte de loi qui, aux yeux du comité, criminalise le journalisme d'investigation et sanctionne la presse. La «déclaration de protection de l'information» autorise les agences d'Etat à classifier des données «secrètes» sur la base d'un intérêt national vaguement défini. En République démocratique du Congo, le CPJ révèle que le gouvernement de Joseph Kabila a empêché la couverture de certains événements par la presse et emprisonné plusieurs journalistes. L'organisation Journalistes en danger a d'ailleurs exprimé ses craintes quant à la possibilité d'une répression plus importante encore pendant cette année d'élections.