Alors que Paris a reconnu hier l'opposition libyenne et propose aujourd'hui des frappes aériennes sur le pays, Berlin et Moscou ont pris des sanctions à l'encontre d'El Gueddafi. Les ministres arabes des Affaires étrangères se rencontreront quant à eux demain au Caire pour discuter de la médiation algérienne. Premier Etat européen à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) et à recevoir officiellement des représentants de l'opposition libyenne, la France devrait envoyer un ambassadeur à Benghazi puis à Tripoli. C'est ce qu'a annoncé, hier, Ali Essaoui, représentant du CNT, information confirmée par l'Elysée. La France proposera même aujourd'hui à l'Union européenne des frappes aériennes ciblées ainsi que le brouillage des systèmes de transmission du commandement du colonel El Gueddafi. La Libye, pour sa part, a annoncé qu'elle envisageait de rompre ses relations avec la France «en raison des informations qui circulent sur la dangereuse ingérence (de Paris) dans les affaires libyennes», a indiqué l'agence officielle Jana, citant un responsable du ministère des Affaires étrangères. Cette même agence a annoncé avoir «appris qu'un grave secret va entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale». L'UE et l'OTAN débattent encore aujourd'hui des moyens de mettre fin à la crise libyenne, sans exclure les moyens militaires. L'OTAN s'est d'ailleurs dit prête à intervenir «en tant qu'alliance militaire», a déclaré, hier, le secrétaire général de l'Alliance Atlantique, Ander Fogh Rasmussen. Des sanctions ont d'ores et déjà été adoptées, hier, à l'encontre du régime de Mouammar El Gueddafi, visant «cinq entités financières-clés», dont la Banque centrale et un fonds souverain, la Libyan Investment Authority (LIA). L'Algérie médiatrice ? Dans la lignée de ces sanctions, le président Dmitri Medvedev a signé un décret interdisant l'exportation, la vente et la livraison à la Libye d'armes et de leurs munitions ou pièces de rechange. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a cependant ,réitéré l'hostilité de Moscou à toute ingérence étrangère en Libye. De son côté, Berlin a gelé les comptes de la Libye, notamment ceux de la Banque centrale, détenus dans les banques allemandes. Ces mesures «sont une réaction claire à l'évolution de la situation», a déclaré le ministère. «La Libye a sollicité une médiation de l'Algérie auprès du Conseil de sécurité de l'ONU afin d'arriver à lever les sanctions», a annoncé Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, dans un entretien accordé hier au quotidien arabophone El Khabar. Le ministre a annoncé avoir répondu à cette requête en précisant qu'il était «préférable» de traiter le sujet dans «le cadre de la Ligue arabe». Une réunion extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères se tiendra demain au Caire afin de trouver une issue à la crise libyenne. L'hypothèse de l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, afin de protéger les civils, ne sera pas écartée.