A la veille des concertations des Occidentaux aujourd'hui et demain à Bruxelles (Otan et UE), dans des tentatives d'aider l'opposition, les actions et réactions se multiplient. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a jeté hier un froid au Parlement européen en refusant de soutenir la reconnaissance du Conseil national de transition (CNT) constitué par l'opposition au colonel Mouamar El Gueddafi. «C'est au Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement de prendre cette décision», a-t-elle affirmé à l'issue d'un débat au Parlement européen réuni en session à Strasbourg, au cours de laquelle cette reconnaissance a été demandée par tous les grands groupes politiques. «C'est aux Etats de prendre la décision. Je n'essaie pas d'esquiver, mais il faut que les choses soient faites convenablement», a-t-elle plaidé à l'issue d'un débat sur la crise libyenne, alors que le Parlement recevait cette semaine à Strasbourg deux représentants du CNT venus plaider pour cette reconnaissance. Selon les analystes, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a semé le doute hier à Strasbourg sur les actions envisagées par les Européens pour empêcher le dirigeant libyen d'écraser l'insurrection. Elle a également émis les plus grandes réserves sur la faisabilité d'une zone d'exclusion aérienne destinée à empêcher El Gueddafi de bombarder sa population. Ces deux options seront discutées demain par les chefs d'Etat et de gouvernement réunis à Bruxelles. De son côté, le Premier ministre grec Georges Papandréou a conseillé à Mouamar El Gueddafi de contribuer à une «issue pacifique à la crise libyenne», lors d'une conversation téléphonique à l'initiative du dirigeant libyen, ont indiqué hier les services de M.Papandreou. Contacté mardi par El Gueddafi, Georges. Papandréou «a écouté ses vues», pour ensuite lui souligner «l'importance de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU» imposant des sanctions sévères au régime libyen, a-t-on précisé de même source. Côté anglo-saxon, le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron s'étaient mis d'accord, mardi, lors d'une conversation téléphonique pour «aller de l'avant dans la planification, y compris au sein de l'Otan, de toute la gamme de réactions possibles» à la situation en Libye, a indiqué la Maison-Blanche. Ces mesures comprennent, notamment «la surveillance, l'aide humanitaire, l'application de l'embargo sur les armes et une zone d'exclusion aérienne», a précisé la Maison-Blanche. Parmi les options envisagées figure la livraison d'armes à la rébellion. Autre point à retenir «c'est à l'ONU, et non aux Etats-Unis, que reviendrait la décision d'imposer une zone d'exclusion aérienne», a prévenu Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine. A leur manière, les Etats-Unis essaient de cerner la nébuleuse des opposants libyens. Pour connaître les acteurs et leurs attentes, l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, Gene Cretz, et d'autres responsables ont rencontré, hier, au Caire des membres du Conseil national de transition, dirigé par l'ancien ministre libyen de la Justice, Mustafa Abdel Jalil. Rapportant la rencontre, le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley, a dit «ne pas exclure» des contacts entre les Etats-Unis et d'autres opposants libyens, qui se trouveraient eux en Tunisie. «Nous parlons avec un groupe étendu de dirigeants, et avec ceux dont nous pensons qu'ils peuvent, potentiellement, influer sur les événements en Libye», a-t-il expliqué, prenant acte de la situation évolutive sur le terrain. Les combats se poursuivaient hier, notamment à Ras Lanouf où un raid aérien a frôlé la raffinerie de pétrole de la ville.