Aujourd'hui commence, à Azeffoun, cette édition plus étoffée et diversifiée que les autres. Le nomadisme ne réussit pas au cinéma. Pour la deuxième année, le Festival du film amazigh se tient à Tizi Ouzou. Après avoir arpenté le territoire national, il a dû prendre une adresse fixe pour des raisons évidentes d'organisation. Cette manifestation, née en 1999, dans la tourmente encore vivace du pays, a réussi à passer le cap de la décennie, enregistrant un bilan au moins encourageant, même si plusieurs enjeux de son action demeurent d'actualité. Dans son éditorial, le commissaire du Festival, Si El Hachemi Assad, affirme : «L'événement culturel cinématographique phare, aujourd'hui autonome, a besoin d'une plus grande implication des autorités départementales et locales, du mouvement associatif et de la presse, pour maintenir sa pérennité. Les pouvoirs publics et la société civile pourraient s'impliquer un peu plus, afin que le FCNAFA arrive à créer une dynamique qui le propulserait vers une production de grande qualité.» Un des grands enjeux notamment consiste à encourager la production filmique en langue amazighe dans ses différentes variantes. C'est sans doute le talon d'Achille du Festival qui s'attache à promouvoir un pan du cinéma national, à l'encourager dans la mesure de ses moyens limités, mais qui ne dispose pas d'une offre suffisante et qualitative de films. La programmation est donc souvent une gageure pour les organisateurs. Cette année, pour la compétition officielle pour le prix de l'Olivier d'or, ils présentent onze courts et moyens métrages récents (six de 2011, quatre de 2010), assurant ainsi la fraîcheur de la manifestation. Cinq de ces films sont des fictions, généralement de primo-réalisateurs, ce qui est un bon signe de renouvellement. Les six documentaires en lice sont quasiment tous consacrés à l'histoire et la mémoire. Tous les autres s'attachent à l'histoire, ancienne comme avec «Ahmed Oulkadi, roi kabyle» de Hacène Iftène ou récente pour les autres, avec une concentration sur la guerre de Libération nationale. On y compte Parole d'un prisonnier français de l'ALN de Salim Aggar, Oiseau bleu, histoire secrète d'une guerre de Rezika Mokrani qui s'est penchée sur l'opération dite Force K des services français contre les maquis indépendantistes, ou encore Concerto pour deux mémoires d'Embarek Menad. Cet intérêt des jeunes cinéastes pour cette période de l'histoire algérienne vient contredire les allégations d'indifférence de leur génération à son égard. C'est dans la sélection pour le prix du Panorama, où 14 films sont programmés, que se retrouvent les longs métrages de fiction : Igur ifran (2010) de Hakim Naak, Tassarut n'tudert (2010) de Younès Zidani, Ger Layas d'usirem (2011) de Khider Hacid dont les synopsis semblent tous les rattacher à des chroniques villageoises centrées sur les déboires des jeunes. Le Festival, qui se déroule cette année entre Tizi Ouzou et Azeffoun, a procédé en tout à la sélection de 37 films sur 60 visionnés. De nombreuses manifestations accompagnent les deux compétitions aux jurys distincts : l'Italie, invitée d'honneur, Clap amazigité d'ailleurs, Carte blanche au cinéma corse, les résidences d'écriture après le concours du scénario, les 2es assises nationales des ciné-clubs, les tables rondes et rencontres-débats, les ateliers de formation, les concerts, la caravane de ciné-bus qui sillonnera les villages, les très courus ateliers pour enfants, etc. Le printemps de la nature donnera-t-il lieu à un printemps du Festival ?
Pour le programme détaillé, consulter le site : www.film-amazigh.org