Une zone d'exclusion ou d'interdiction aérienne pour empêcher les avions de combat libyens de réprimer la rébellion, est une mesure compliquée à mettre en œuvre qui a été utilisée dans le passé dans les Balkans et en Irak, avec un succès mitigé. Un tel dispositif («no-fly zone») revient à interdire le survol aérien d'une zone déterminée. Les avions voulant quitter le territoire libyen devraient demander l'autorisation avant de décoller. Sans autorisation, ils sont considérés comme des avions ennemis et peuvent être abattus. La défense anti-aérienne n'a pas le droit d'être active dans cette zone. L'Otan a, en propre ou via ses pays membres, pléthore de moyens utiles : avions-radars Awacs pour surveiller l'espace aérien et maritime, avions de guerre électronique pour neutraliser les moyens sol-air adverses et chasseurs-bombardiers pour intercepter des appareils libyens qui violeraient l'interdiction de survol ou détruire les fusées sol-air libyennes, et enfin ravitailleurs pour approvisionner en carburant jour et nuit ce ballet aérien. Face à l'armada occidentale, la Libye ne peut opposer qu'une vingtaine au plus de vieux chasseurs soviétiques ou français pleinement opérationnels avec des pilotes entraînés. L'une des questions débattues et qui risque d'être tranchée dans les heures et jours à venir est de savoir s'il faudrait dès le début de l'opération, frapper préventivement les batteries sol-air libyennes. Le dispositif final dépend beaucoup de ce que l'on veut contrôler en Libye, un pays d'environ 1,7 million de km2. On peut estimer que surveiller une bande de 100 km de profondeur sur la côte libyenne suffirait car 85% de la population libyenne s'y concentre. -Le précédent irakien Les zones d'interdiction de survol aérien dans le nord et le sud de l'Irak ont été instaurées par les alliés occidentaux après la guerre du Golfe (janvier-février 1991). Ces deux zones, recouvrant plus de la moitié du territoire irakien, n'avaient pas fait l'objet de résolutions spécifiques de l'ONU. Cette zone d'exclusion n'empêcha pas la sanglante répression des civils, notamment par le biais de la garde républicaine du régime qui avait été largement préservée par le conflit, ni les violations répétées de la part de l'aviation irakienne à partir de fin 1998 (date à laquelle les Français ne participèrent plus aux patrouilles avec les Britanniques et les Américains). -Le cas de la Bosnie-Herzégovine Une zone d'exclusion aérienne est mise en place avec le feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU en 1992 au-dessus de ce territoire pour séparer les belligérants. A la suite de violations répétées de l'interdiction de vol, une nouvelle résolution de l'ONU autorise l'usage de la force. Ces mesures n'ont cependant pas suffi à mettre un terme à la guerre, et une intervention militaire s'est avérée nécessaire à l'été 1995.