Ironie de l'histoire, le Président, absent, délivrait hier un message à Mostaganem par le biais d'un conseiller. Dans cette même ville où Dalila, 35 ans, a été arrêtée il y a quelques jours et présentée devant un juge après une nuit au commissariat. Le délit ? Des tracts qu'elle a distribués à Mostaganem au nom des chômeurs, ce qu'elle est, pour essayer de trouver une issue et un travail, pour elle et pour eux. Le juge, sans risques, lui a donné rendez-vous au tribunal pour son verdict ; elle risque un an de prison. Le message du Président à Mostaganem ? De vagues promesses de réformes et une autocongratulation pour avoir levé l'état d'urgence, alors que c'est sous la pression qu'il l'a fait, poussé par une sévère injonction des USA. Aucune prise de risque, il s'agit surtout de durer, même dans un frigo blindé. Erreur biologique, le même jour, des centaines de jeunes et étudiants prenaient le risque d'occuper Alger pour manifester leur mécontentement. Sans aucun risque, la DGSN les a contenus et arrêtés pour éviter au régime de prendre le risque de passer à une nouvelle république. Qui prend des risques ? Les Libyens, qui ont pris celui de braver l'armée d'un dyslexique qui n'a pas peur de tirer dans la foule. Les Algériens, comme Dalila, ont pris celui d'essayer de changer leur destin. Il faut peut-être rappeler aux dirigeants que l'histoire de l'humanité a été fondée sur le risque. Si l'algue marine n'avait pas pris un jour le risque de sortir de l'eau pour affronter la terre, il est probable que personne n'existerait aujourd'hui. Dalila a pris un risque, mais Bouteflika en a-t-il déjà pris un dans sa vie ? L'Organisation nationale des moudjahidine dira oui. Sauf que les enfants de moudjahidine, qui ont appelé à une marche hier, ne sont même pas sortis de chez eux. Il fait chaud, on ne joue pas avec sa piscine. Slogan pour eux : nous ne sommes pas des algues.