Human Rights Watch a exhorté ce dimanche 20 mars les autorités algériennes à cesser de bafouer le droit des algériens à se rassembler pacifiquement à Alger. «La levée de l'Etat d'urgence décidée par le Président Abdelaziz Bouteflika le 24 février n'a aucunement restitué au peuple algérien ses libertés fondamentales, telle que le droit de rassemblement », a observé Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. Samedi, un dispositif policier impressionnant a été déployé sur les places de la Grande Poste et du 1er Mai pour empêcher le déroulement de la marche initiée par un groupe de jeunes par le biais d'un appel sur Facebook vers la Présidence et celle de la CNCD- partis politiques de la place du 1er Mai vers la place des Martyrs. Les policiers, présents en nombre important à la place de la Grande poste, n'ont laissé aucune chance aux manifestants de se regrouper en les dispersant. «Lorsque nous sommes arrivés sur la Place de la Grande Poste, ils nous ont immédiatement encerclés. J'avais une vingtaine de policiers autour de moi qui m'ont repoussé à une centaine de mètres du lieu du rassemblement, et autour d'eux, une centaine d'autres », a raconté à Human Rights Watch Amine Menadi, l'un des animateurs de la marche. Ainsi, pour Sarah Leah Whitson «l'empêchement par la force du déroulement de la marche du 19 mars montre que malgré la levée de l'Etat d'urgence, les autorités affichent clairement leur volonté, assortie de moyens, de réprimer les mouvements populaires de contestation, ce qui n'a aucun rapport avec de la lutte contre le terrorisme ». Pourtant, le droit de rassemblement est protégé par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel l'Algérie est partie. L'article 21 spécifie en effet que «le droit de réunion pacifique est reconnu. L'exercice de ce droit ne peut faire l'objet que des seules restrictions imposées conformément à la loi et qui sont nécessaires dans une société démocratique, dans l'intérêt de la sécurité nationale, de la sûreté publique, de l'ordre public ou pour protéger la santé ou la moralité publiques, ou les droits et les libertés d'autrui.».