Les étudiants en chirurgie dentaire effectuent les soins dentaires de plus de 8000 patients par an. Les étudiants en chirurgie dentaire ont observé, dans la matinée d'hier, un rassemblement dans l'enceinte du CHU Mustapha. Il est un peu plus de 11h lorsque plus d'une centaine de jeunes gens en blouse blanche entament leur marche tout autour de la cour centrale de l'hôpital. Dans une ambiance bon enfant, les étudiants, qui entendent décrier la «marginalisation» dont ils font l'objet, manifestent derrière de grandes banderoles.Sur l'une d'elles on peut lire «Nous assurons soins, chirurgie et prescription. Mais nous ne sommes pas docteurs». C'est d'ailleurs là l'une des revendications principales des futurs praticiens, qui sont, depuis le 14 mars dernier, en grève nationale ouverte, renouvelable hebdomadairement. Le département de chirurgie dentaire regroupe, à l'échelle nationale, près de 10 000 étudiants. Quelque 1200 pour la faculté d'Alger seulement. «Ce mouvement de protestation est le premier jamais enclenché par ce département. Pourtant, les conditions dans lesquelles nous évoluons sont déplorables et ne font qu'empirer», explique Fayçal, 23 ans, étudiant en 4e année. Il est l'un des délégués de la Coordination nationale des comités. «Ce débrayage est un sursaut salutaire afin de redonner à cette corporation ses lettres de noblesse, qui n'a de cesse de pâtir du mépris affiché par les pouvoirs publics à son égard», explique Achref, étudiant en 4e année. Ainsi, les étudiants exigent la révision du statut de chirurgien dentiste. Ils demandent le classement à l'échelon 16, après avoir été rétrogradés à l'échelon 13. De même, ils exigent l'octroi du titre honorifique de docteur en médecine. «Les étudiants effectuent les soins dentaires de plus de 8000 patients annuellement. Pourtant, les externes ne sont pas assurés, et ce, en dépit des risques et d'accidents liés à l'exposition au sang», déplore Fayçal. «Redonner le sourire aux gens» Et ces soins sont souvent effectués à la charge de l'étudiant, tant le matériel et autres consommables viennent à manquer et que les infrastructures sont obsolètes et archaïques. Ce qui a un impact négatif sur l'exercice de leur métier. «Nous ne sommes pas des théoriciens mais des praticiens. De ce fait nous demandons l'application du programme officiel, avec plus de travaux pratiques», exigent-ils. Les grévistes avouent toutefois ne pas savoir à quel saint se vouer, ou plutôt à qui adresser leurs doléances. «Nous dépendons du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique ainsi que du ministère de la Santé. Et chacun se renvoie la balle de la responsabilité quant à nos requêtes !» déplore Achref. Alors, ils demandent tout simplement la mise en place d'un interlocuteur unique et mixte. «Nous attendons des engagements écrits de la part de la tutelle quant à la prise en charge de nos revendications», conclut-il. Et dans le cas contraire ? «La grève continuera tant qu'une vraie politique n'est pas mise en place. Et nous avons conscience que cela pourra prendre du temps», rétorquent les jeunes manifestants. Ces centaines d'étudiants, qui ont opté pour ce métier afin de «redonner le sourire aux gens», se retrouvent, après des années d'études, en passe «de le perdre»…