Au sixième jour de l'opération aérienne en Libye, la coalition internationale se prépare à une intervention dans la durée, en l'absence de solutions rapides. «Dans un rapport de forces, celui qui est pressé et qui le dit a toujours tort. Nous ne sommes pas pressés et nous ne le disons pas», a affirmé, hier, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet. Dans une interview au quotidien français Le Figaro, il estime que la coalition internationale a «les moyens de durer», «pas El Gueddafi car son pouvoir est dans une impasse». Son homologue américain, Robert Gates, avait souligné la veille qu'il n'y avait «pas de calendrier concernant la fin» des opérations, l'ONU n'ayant pas fixé de «date limite» pour la zone d'exclusion aérienne. Tout en écartant l'idée d'une opération militaire longue, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a évoqué pour sa part une question «de jours et de semaines», «mais pas de mois». «Cela va continuer le temps nécessaire», a-t-il résumé, en indiquant que la coalition menée par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne allait «continuer les frappes aériennes». «Nous ciblons les moyens militaires et rien d'autre», a-t-il ajouté. Les autorités libyennes, via leur agence officielle, avaient accusé la coalition d'avoir «visé un quartier résidentiel» faisant «un nombre important de morts parmi les civils», mercredi soir, dans la banlieue de Tripoli. L'aviation française a conduit une attaque contre une «base aérienne» libyenne à 250 km des côtes, selon l'état-major des armées à Paris. Sebha, à 750 km au sud de Tripoli, fief de la tribu des Kadhadfa dont fait partie le colonel El Gueddafi, a également été visée, tout comme la région de Tajoura, à une trentaine de kilomètres à l'est de Tripoli, selon la télévision d'Etat libyenne. Un sous-marin britannique a lancé une nouvelle salve de missiles Tomahawk contre les systèmes de défense antiaérienne, a annoncé hier le ministère britannique de la Défense. Malgré l'intervention internationale, des combats sanglants se poursuivent entre rebelles et partisans d'El Gueddafi dans plusieurs villes, dont Misrata et Zenten à l'Ouest, et la ville -clé d'Ajdabiya, le fief des insurgés dans l'Est. Difficile consensus L'Otan devait poursuivre, hier, des tractations pour tenter de finaliser le rôle de l'Alliance atlantique dans l'opération en Libye. La Turquie avait refusé d'autoriser l'Otan à prendre en charge la zone d'exclusion aérienne dans le ciel libyen si, au préalable, la coalition ne cessait pas ses bombardements. Washington veut se désengager le plus vite possible de la conduite des opérations de la coalition, selon un diplomate. L'Otan est pour le moment chargé de surveiller l'embargo sur les armes à destination de la Libye et a entamé ses patrouilles mercredi au large du pays. Le pilotage politique de l'intervention est confié à un groupe de contact, réunissant Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et les pays participant à l'opération, qui doit se réunir pour la première fois mardi. Les Occidentaux, réunis hier à Bruxelles, avaient du mal à trouver un consensus sur le rôle de l'Otan en Libye.