A 31 ans, Samir K., médecin résident au CHU de Constantine, a déjà fait un véritable parcours du combattant. Après les longues et dures années d'études en médecine, il exerça comme médecin généraliste dans le secteur public, avant de passer son service militaire, puis retrouver le Samu du CHU, il y a quelques années, où il avait été affecté aux urgences. «J'ai travaillé pour 7000 DA par mois, mais peu importait pour moi à l'époque, car l'essentiel était d'acquérir une expérience dans une spécialité très difficile qu'est l'anesthésie-réanimation ; finalement, après des années de travail, j'ai fini par regretter mon choix, pourtant c'est une profession que j'aime beaucoup», dit-il avec une pointe d'amertume. La journée de Samir, affecté actuellement à la maternité du CHU, commence à 8h avec la traditionnelle réunion du staff avec le professeur ou médecin-chef responsable du service. Le groupe fait l'état des lieux sur la base du rapport de l'équipe qui assurait la garde la veille, avec l'examen des admissions et des pathologies examinées. Viendra ensuite la répartition des tâches sur les différents services en fonction des besoins exprimés. «Pour les médecins résidents en anesthésie-réanimation la journée sera longue, surtout pour ceux qui auront la délicate mission d'exercer dans les 13 blocs opératoires du CHU», affirme Samir. Pour ce dernier, le plus dur à faire est au niveau de la maternité qui reçoit des parturientes de toutes les wilayas de l'Est algérien, où l'on pratique souvent jusqu'à 30 césariennes par jour, dans des conditions indescriptibles. «Malgré la grève, nous avons effectué, en l'espace de six heures, 8 césariennes urgentes et non programmées, c'est un record fou qu'on réalise avec des moyens dérisoires», soutient-il. La charge de travail accomplie par les médecins résidents, supervisés par deux maîtres assistants à la maternité du CHU de Constantine, est considérée comme la plus dure. A commencer par les consultations, puis la préparation de la malade avant son admission au bloc opératoire et la mise en place du plateau d'anesthésie en fonction du type de cette dernière, en concertation avec le maître assistant, la surveillance des parturientes durant et après l'intervention, pour prévenir d'éventuelles complications, est une tâche qui se répète plusieurs fois par jour pour un médecin résident. «Nous travaillons dans une ambiance stressante, surtout avec les grossesses à haut risque où les patientes, souffrant d'hypertension artérielle ou de diabète, sont des cas à suivre de très près, ceci sans parler des complications pouvant survenir après», confie Samir. Pour ce dernier, les choses deviennent plus dures durant les gardes. «Il vous arrive d'assurer dix activités en une seule nuit aux urgences chirurgicales pour différents cas allant des accidents et des polytraumatismes jusqu'aux accouchements en urgence, en passant par les crises d'appendicite et autre situation imprévue», note-t-il. Les risques du métier, Samir en évoque beaucoup. «Il y a d'abord les agressions des parents des malades qui ne comprennent pas la nature de notre tâche et ne nous facilitent guère les choses ; ils nous incombent les défaillances de l'hôpital, puis il ne faut pas oublier que nous sommes exposés à la contagion; nous travaillons vraiment avec la peur au ventre ; tout cela pour un salaire de 33000 DA par mois, sans aucune autre indemnité», conclut-il.