À quiconque faisait montre d'un intérêt particulier pour ses trésors, le quadragénaire Kebaïli Badreddine n'hésitait pas à fournir une multitude d'informations. Les 2000 timbres-poste qu'il présentait à la maison de la culture ne constituent qu'un échantillon des 20 000 qu'il possède, explique-t-il. Son rêve, à travers son exposition, est d'arriver à intéresser à la philatélie, en particulier les enfants, et pourquoi pas fonder un club de philatélistes. À l'ère du courrier électronique, de face book et du téléphone portable, il ne doute pas un instant que le recours au timbre-poste devienne obsolète à terme. Il ne croit pas en conséquence qu'il effectue un travail semblable à celui d'un archiviste de musée pour une vieillerie qui n'aura plus cours. Il pense plutôt que les collectionneurs sauront maintenir en usage ce qu'il considère comme une fenêtre sur le savoir : «C'est comme cela que moi, qui ai interrompu mes études très tôt, je me suis constitué une culture générale. Grâce à leur charme, leur mystère, les timbres m'invitaient de façon ludique à la découverte de ce qu'ils mettaient à l'honneur : des personnalités illustres et tout un pan de l'histoire universelle, des pays, des cités, des monuments, la faune, la flore, etc. Cela réveillait ma curiosité naturelle pour apprendre et j'ai ainsi beaucoup appris, dans le plaisir, mieux qu'à l'école». Kebaïli raconte que c'est dès l'âge de 10 ans qu'il s'était mis à constituer sa collection, une passion de solitaire qui correspondait bien à son caractère introverti. Cela l'a d'ailleurs aidé à établir des ponts et tisser des liens avec les autres pour collecter l'objet de ses intérêts. Avec les visiteurs qui lui avouaient avoir été passagèrement collectionneurs et qui ont quelque part des enveloppes pleines à craquer de timbres vieux de 20 ou 30 ans, il essaie de réanimer en eux l'ancienne flamme, en leur proposant notamment des échanges et sa collaboration pour la constitution de collections thématiques. À l'heure où en notre pays les passions sont d'un autre ordre, Kebaïli est d'une engeance qu'il est bon de rencontrer.