D'intenses combats ont fait rage hier aux portes du site pétrolier de Brega (est) entre les rebelles et les forces loyales à Mouammar El Gueddafi, affaibli par une nouvelle défection dans son entourage. Si son armée résiste aux assauts des rebelles sur le terrain, le pouvoir libyen a connu un nouveau revers politique et diplomatique avec la démission d'un conseiller du colonel El Gueddafi, Ali Triki, doyen des diplomates et ancien «M. Afrique» du dirigeant libyen. Ce diplomate de haut rang, ancien ministre des Affaires étrangères et des Affaires africaines, ambassadeur de Libye à l'ONU, n'a toutefois pas dit s'il rejoignait le camp des rebelles, a indiqué la Ligue arabe au Caire. Cette défection s'ajoute à celle de l'ex-chef de la diplomatie libyenne, Moussa Koussa, qui était arrivé en Tunisie le 28 mars dernier, avant de s'envoler deux jours plus tard pour Londres. Du Royaume-Uni, il a annoncé sa défection, un coup dur pour le colonel El Gueddafi. Sur le terrain des opérations, après s'être emparés de l'Université du pétrole, un énorme campus à l'entrée est de la ville, les rebelles ont dû se replier sous le feu des pro-Gueddafi. De fortes explosions résonnaient en provenance des positions de ces derniers, tandis que des avions de l'OTAN, dont les frappes aériennes ont freiné ces derniers jours la contre-offensive des forces loyalistes vers l'est, survolaient la région. L'OTAN examine ses «bavures» La région de Brega est le théâtre de violents combats depuis plusieurs jours entre pro-Gueddafi et insurgés, qui avaient rapidement progressé vers l'ouest, il y a une semaine, avant de reculer à nouveau sous la pression des loyalistes. Pour la première fois depuis le début de l'intervention internationale le 19 mars, neuf rebelles et quatre civils, dont trois étudiants en médecine, ont été tués vendredi soir par une frappe de l'OTAN à une quinzaine de kilomètres à l'est de Brega. L'Alliance atlantique, qui a pris jeudi le commandement des opérations militaires en soutien de la rébellion, a annoncé samedi qu'elle «examinait» les informations sur cette possible bavure. Les rebelles ont été enterrés dans une grande tombe collective creusée dans e sable et délimitée par des pierres. Au sud-ouest de Tripoli, des habitants de Ketla ont annoncé que la ville avait été visée vendredi et samedi par des dizaines de roquettes Grad des forces loyales au colonel El Gueddafi, qui ont fait plus d'une trentaine de morts. A l'autre extrémité du pays, une délégation de diplomates britanniques est arrivée samedi soir dans le fief rebelle de Benghazi (est) «pour entrer en contact avec des personnalités, dont le Conseil national de transition (CNT)», organe représentatif de la rébellion, selon Londres. Cette délégation est arrivée près d'un mois après l'envoi d'une première mission britannique, le 6 mars, à Benghazi, qui avait tourné court : les diplomates et les membres des forces spéciales britanniques qui la composaient avaient été arrêtées par les insurgés peu après leur arrivée par hélicoptère. Ils avaient dû quitter la Libye peu après. La nouvelle délégation britannique «s'appuiera sur le travail de la précédente équipe et tentera d'obtenir des informations sur le CNT, ses objectifs et plus généralement sur ce qui se passe en Libye», a expliqué un porte-parole du Foreign Office joint à Londres.