Son premier responsable, Bekhouche Rabah, et la présidente du conseil médical, le docteur Saheb Nora, s'en défendent en prenant soin de replacer les faits dans ce qu'ils qualifient de « véritable contexte ». Ceux-ci remontent au 17 novembre dernier lorsque, vers 15 h, un citoyen, Tikoudane Aziz, transporta sa femme à terme de la grossesse chez un gynécologue qui, après un examen approfondi, conclut à l'imminence de l'accouchement. Cependant, il se garda curieusement de délivrer à la parturiente la fameuse lettre d'orientation. Mme Tikoudane, en proie à de lancinantes douleurs, est évacuée vers 1 h, dans la nuit du 20 au 21 novembre, par la Protection civile à la maternité de l'hôpital 240 Lits de Ferdjioua. Paradoxalement, l'avis du spécialiste est battu en brèche par celui de la sage-femme de service qui consulta la patiente et jugea que l'heure de l'accouchement était anticipée et, de ce fait, s'opposa catégoriquement à son admission. A 3 h, l'époux part en quête d'un véhicule afin de ramener sa femme au domicile conjugal. Cependant, vers 6h30, et sans aucune assistance médicale, la malheureuse mit au monde son bébé dans des circonstances dramatiques. La dame ne dut son salut qu'à l'intervention d'un médecin généraliste, habitant le même immeuble. Terriblement affecté, voire choqué au même titre que ses enfants en bas âge qui ont assisté au supplice de leur maman, le père, Aziz, déposa plainte auprès du procureur de la République territorialement compétent. D'où la question lancinante : la sage-femme mise en cause, a-t-elle pour autant trahi le serment d'Hippocrate et agi à la légère ? Pas évident du tout, aux dires de la présidente du conseil médical qui rétorquera : « Un accouchement aussi rapide ne pourrait s'expliquer que par la technique du décollement qui aurait été réalisée par le gynécologue privé. » Le directeur du secteur martèlera de son côté : « Les soucis majeurs du secteur consistent à augmenter en permanence le taux de l'accouchement assisté. » Force est de reconnaître alors que l'évolution est plutôt positive avec un pourcentage de l'ordre de 44,57% en 1995, 84,31% en 2003 et 90,45% en 2004. Par ailleurs, le 5 octobre dernier, un homme de 40 ans est acheminé aux urgences médicales du secteur sanitaire de la même localité en raison de profondes lésions contractées dans un accident de la circulation. L'on nous a indiqué cependant que la victime, qui ne présentait que des lésions faciales, a été mise en observation pendant une semaine à l'hôpital en prévision d'une rupture d'organe ou une hémorragie à bas bruit. Son évacuation à la « clinique internationale » de Chelghoum Laïd, le 12 octobre, pour passer un examen au scanner, compte tenu de l'aggravation de l'état du malade en raison d'une contusion hémorragique, confirmera le diagnostic fatal de traumatisme crânien. Le quadragénaire succombera hélas à ses profondes blessures le 13 octobre à l'hôpital 240 Lits de Ferdjioua. Sa famille déposera une plainte auprès de la justice. Le premier responsable du secteur sanitaire dira à cet effet : « Nous ne pouvons évidemment pas nous substituer à l'autorité pénale pour trancher du moment que, aussi bien pour la première affaire que pour la seconde, la justice s'en est saisie. Sur le plan interne toutefois, une enquête administrative a été diligentée, de même que nous avons pris des mesures draconiennes pour que ces événements malencontreux ne se reproduisent plus. » Quant à la troisième affaire, elle n'a pas manqué de provoquer l'émoi et jeter l'indignation au sein de la population. Le scandale présumé « de harcèlements sexuels » sur une femme hospitalisée en date du 2 avril dernier au service réanimation pour subir une intervention chirurgicale en raison d'une fausse couche, et dont l'auteur n'est autre que O. A., un infirmier, continue de susciter moult interrogations quand bien même M. Bekhouche, à la réputation de son établissement défendant, tentera d'accréditer la thèse de l'« acte isolé ». L'agent incriminé qui serait en outre impliqué dans une « déviation » du même genre, aurait été, selon nos interlocuteurs condamné une première fois par le tribunal de Ferdjioua, mais aurait bénéficié d'un acquittement après avoir introduit un pourvoi en cassation auprès de la cour de Constantine. Le mis en cause, nous confirme-t-on, est systématiquement traduit devant la commission de discipline et fera l'objet d'une mesure suspensive à titre conservatoire jusqu'à ce que la juridiction pénale compétente rende son ultime verdict. L'époux de la victime aurait, à en croire certaines indiscrétions, juré solennellement de poursuivre sans relâche le combat jusqu'à ce que justice soit faite.