De Tlemcen à Alger et de Annaba à Sousse via Tunis, les professionnels de la santé étaient jeudi dernier à Annaba. Le Conseil régional de l'ordre des médecins de la région de Annaba les avait invités pour apporter leur contribution au thème de la 6e journée de formation et d'information sur : « La sensibilisation des professionnels de la santé à la démarche qualité soins ». Les participants étaient loin de se douter qu'ils allaient assister à une réunion scientifique totalement différente des autres. Non pas parce qu'à cette 6e journée, participaient de grands noms de la médecine tunisienne, dont le médecin particulier de Habib Bourguiba le défunt président de la République tunisienne. Il y avait des mises au point et un diagnostic à établir sur la qualité des soins. Le docteur Debez s'est chargé de cette mission. Dans son intervention, il a apparemment pris comme option de dire des vérités sur le monde médical algérien et les révolutions vécues par leurs confrères de l'extérieur dans le domaine de la recherche médicale, des antibiotiques, des greffes d'organe, des antidépresseurs et des anxiolytiques, dans le traitement des différents cancers, des leucémies. « Même si cela doit choquer, je dois dire que bon nombre de comportements dans la pratique médicale sont périmés ». Par cette entrée en matière lapidaire de sa communication sur la compétence médicale et qualification, le docteur Debez a lancé un pavé dans la mare. Le management par la qualité et la politique de mise à niveau des établissements de santé dans le cadre de la réforme hospitalière a fait l'objet d'une communication du docteur Lehtihet, directeur de la santé et de la population à Annaba, très suivie par les participants. Radical dans ses propos, le docteur Debez a secoué l'assistance en affirmant : « Alors que d'autres pays enregistrent des progrès importants dans la recherche médicale résultat d'une communication efficiente, régulière et à chaque fois réactualisée, chez nous, l'on n'est encore à soigner des pathologies avec des données obsolètes. Nous nous contentons de connaissances acquises sur les bancs de la faculté depuis des décennies pour la plupart d'entre nous. Dans d'autres pays, ces connaissances sont constamment actualisées, enrichies, développées grâce à la communication. » D'abord étonnés par ce qui paraissait être une outrecuidance, tous les participants fixeront leur attention sur l'intervenant. Bon nombre ont relevé que la communication du Docteur Debez soulève, même symptomatiquement, le problème de l'immaturité de bon nombre de praticiens. C'est la question de la qualité des soins et l'économie de santé, et en s'interrogeant s'il s'agit d'antagonisme, d'utopie ou un objectif réaliste que le docteur Youssef Acheuk a abordée avec pertinence : « Notre système de soins est critiqué de plus en plus. La qualité des soins n'est pas à la hauteur des dépenses.Il faut, donc, s'attacher résolument à améliorer le fonctionnement du système des soins et la coordination de ses acteurs. Les considérations de la qualité des soins n'éloigne pas en général, de l'objectif de maîtrise des dépenses de santé. » A cette affirmation du docteur Acheuk, directeur de la CNAS Annaba, ont répondu plusieurs médecins. Les uns ont préconisé de transformer les hôpitaux de proximité en super dispensaires, chargés du premier accueil des malades avant les transferts vers des structures mieux équipées. Les autres ont proposé la mise en place de complémentarités entre les structures de santé d'une même région avec création d'un réseau de soins. En invitant, Ali Aoun, le PDG de Saidal à cette 6e journée, le professeur Ayadi, président du conseil régional de l'ordre des médecins de Annaba, a démontré une pertinence dans l'approche du thème de la manifestation. Avec les docteurs Lehtihet et Benzaïd, le professeur Ayadi a abordé l'inspection aux audits cliniques à un système d'accréditation dans le cadre de l'évaluatio n de la qualité dans les établissements de santé. En lui succédant, le PDG de Saidal s'est lancé dans une véritable diatribe sur le système d'importation des produits pharmaceutiques. Sa communication a fait référence à la production du générique en Algérie. « On nous demande de produire du générique, alors que le marché est totalement sous le monopole des importateurs. Pour encourager la consommation de ce type de médicament, il est indispensable de contrôler préalablement et plus rigoureusement l'importation. Par le seul fait de ne pas établir de statistiques nationales de consommation des médicaments génériques, on cherche à maintenir sur le marché dans l'opacité car elle arrange certains. Nos têtes pensantes comparent à chaque fois notre consommation de générique avec celle des Français. Savent-ils au moins que par rapport aux autres d'Europe, la France est le pays qui consomme le moins de génériques. La France consomme pas moins de 95 % en produits princeps », a estimé M. Aoun.