Et si le Petit Poucet avait le même appétit que l'ogre ? Le Shakhtar Donetsk, auteur d'une saison roborative, y croit avant de défier le FC Barcelone chez lui, ce soir en quart de finale aller de la Ligue des champions, après leurs agapes équilibrées de 2008-2009. Les pronostics ne font pourtant qu'une bouchée des Ukrainiens face aux gourmands Catalans qui dominent l'Europe depuis 2008 et la prise de fonctions de Pep Guardiola. Le Barça, c'est le «toque», ce jeu de passes fondé sur la possession hégémonique du ballon, un collectif huilé et une brochette de stars, parmi lesquelles une attaque MVP (Messi-Villa-Pedro) soutenue par le duo Iniesta-Xavi. Le Shakhtar, lui, s'est mis à la sauce brésilienne avec le recrutement de nombreux compatriotes de Pelé depuis 2005 et l'arrivée de l'entraîneur Mircea Lucescu. L'attaque, c'est leurs oignons : les quatre postes offensifs sont dévolus au quatuor Douglas Costa-Jadson-Willian-Luiz Adriano, qui explose cette saison. Shakhtar a réalisé le meilleur parcours en Ligue des champions parmi les quart-finalistes : sept succès pour une seule défaite (5-1 à Arsenal). Ce revers est l'un de ses trois seuls cette saison toutes compétitions confondues. En 2008, il avait déjà tenu tête au Barça, en phase de groupes de la C1. D'abord en résistant à domicile, avant de céder dans les dernières minutes sur un doublé de Messi (1-2). Puis, en l'emportant carrément au Camp Nou (3-2) ! Les deux formations avaient chacune remporté une coupe d'Europe à l'issue de cette saison et s'étaient retrouvées en Supercoupe, cerise sur le gâteau des Espagnols (1-0 a.p). C'était sur un but de Pedro, qui pourrait faire son grand retour dans l'équipe catalane où seule la défense s'écarte à nouveau de l'équipe-type, puisque Puyol et Abidal, indisponibles, sont remplacés par Busquets et Adriano. Côté ukrainien, après une saison blanche en Catalogne, Chygrynsky a récupéré sa place dans la charnière centrale. Le milieu Fernandinho, qui a repris vendredi dernier après s'être cassé une jambe en septembre, pourrait entrer en jeu. C'est lui qui avait marqué le but vainqueur au Camp Nou en 2008. Contre le Shakhtar, le Barça a «toujours souffert, et a toujours dû s'exprimer à fond. Il est donc prévenu», avertit Cruyff. Duel de déçus entre l'Inter et Schalke La Ligue des champions est le sommet du football de clubs, mais l'Inter Milan et Schalke 04 ont abordé le match aller de leur quart de finale, hier à San Siro, presque comme un dérivatif à leurs soucis domestiques. L'Inter, détenteur du trophée et auteur la saison dernière d'un triplé championnat, coupe d'Italie et coupe d'Europe sera évidemment favori. Sa défaite 3-0 samedi face au Milan AC a cependant mis en évidence ses insuffisances actuelles et a sérieusement hypothéqué ses chances de remporter le titre pour la sixième saison consécutive. Le milieu de terrain argentin, Javier Zanetti, seul survivant de la finale de la coupe de l'UEFA 1997 qui reste la dernière confrontation européenne entre les deux équipes et que Schalke avait remportée 1-0, a appelé ses coéquipiers au sursaut. «Il n'est pas agréable de perdre ce genre de match», a-t-il dit sur le site Internet du club (www.inter.it). «C'est une déception pour chacun de nous, mais il faut nous tourner vers l'avenir.» Schalke, modeste 11e de la Bundesliga, ne semble pas en meilleure forme. Le club allemand vient en outre de vivre une mini-crise avec le limogeage de son entraîneur Felix Magath. Son remplaçant, Ralf Rangnick, est entré en fonction vendredi pour un match contre Sankt Pauli qui a été interrompu deux minutes avant la fin après l'agression d'un juge de touche par des spectateurs. Le défenseur Christoph Metzelder a été victime d'une fracture du nez durant cette rencontre, mais il pourrait tenir sa place avec un masque de protection. Le club allemand sera en revanche privé de son attaquant Mario Gavranovic, blessé aux ligaments d'une cheville, et du milieu de terrain Peter Kluge, touché aux abdominaux.