Il a été établi que les comportements névrotiques et les dépressions sont légion dans les grands ensembles urbains, notamment à la nouvelle ville Ali Mendjeli. Soulignant en toute circonstance le lien étroit existant entre les conditions de vie en milieu urbain et la santé, les initiateurs de la rencontre internationale, organisée ces deux derniers jours à l'université Mentouri de Constantine, ont adopté ce slogan: «1000 villes, 1000 vies». Ils appellent, à la faveur de la journée mondiale de la santé, soit le 7 avril, à une réflexion engageant différentes disciplines où la ville et la santé se rejoignent pour interpeller les savoirs universitaires et académiques, mais aussi les professionnels de la santé et de la ville, praticiens, élus et gestionnaires y compris. Directeur du laboratoire de recherche villes et santé de l'université Mentouri et organisateur de ces journées en partenariat avec l'association ville-santé d'El Khroub, Belkacem Labii l'a bien spécifié en mettant en exergue l'étroite relation existant entre la santé, d'une part, et la qualité de l'urbanisation et l'environnement, d'autre part, deux paramètres qualifiés d'indissociables. D'où la volonté du comité scientifique piloté par le Pr. Abdelhamid Aberkane de s'inscrire autour de cinq axes censés ratisser large: «Habitat et santé», «Environnement et santé», «Les territoires de la santé», «La santé dans les dynamiques et les enjeux urbains» et «Ville, santé et sécurité». Dans ce cadre multidisciplinaire déployé sur plusieurs ateliers, l'intervention de Brahim Maïche, maître-assistant au département d'architecture de l'université Mentouri (UMC) mérite le détour. Traitant des politiques urbaines et de santé publique, ce dernier estime que «les villes naissent à partir de décisions politiques souvent induites par des stratégies de redéploiement, comme à Constantine, ville saturée et endommagée par le phénomène de glissements de terrain.» Et d'ajouter: «D'où la naissance de nouvelles entités urbaines, un phénomène uniquement commandé par la nécessité de loger les populations, et de ce fait, très vite, des anachronismes surgissent fatalement et conduisent à des situations inextricables.» Autre intervention à noter, celle de Benassine Touam Nassira, maître de conférences à l'UMC. Partisane d'une stratégie verte dans un urbanisme de santé et de bien-être, celle-ci milite pour la création d'un jardin botanique au cœur même de la ville de Constantine. Dans cette optique, elle posera deux interrogations: quel est l'intérêt de situer ce jardin botanique au cœur de la ville, et quel est le lien entre ce jardin, la santé et le bien-être du citoyen ? Pour ce faire, la communicante suggère son implantation au niveau des vastes espaces dégagés autour du quartier du Bardo. Se basant sur des campagnes de mesure sonores menées au niveau de plusieurs quartiers du Vieux Rocher, Soraya Chaour Kouloughli, maître-assistante à l'UMC, apportera de son côté un tas d'éléments soulignant les conséquences des nuisances sonores sur la santé, notamment le fait que «celles-ci peuvent provoquer une dégradation du sommeil conduisant à un excès de nervosité, voire à des dépressions». Et dans ce contexte, explique l'intervenante, les zones d'habitation situées autour des grandes infrastructures routières sont les plus exposées. A son tour, Mohamed Foura, docteur en architecture à l'UMC, mettra en lumière l'impact de l'environnement urbain sur la santé mentale, tout en s'appuyant sur l'exemple de la nouvelle ville Ali Mendjeli où, l'octroi de logements sociaux dans l'urgence et l'absence d'espaces verts et d'espaces de loisirs et de détente, conduisent à des comportements névrotiques.