La salle d'audience du tribunal de Chelghoum Laïd était, hier, pleine à craquer. Les sept prévenus – deux commissaires de police, un officier, un inspecteur et trois agents – ont défilé à la barre dans le cadre de l'affaire Toufouti Kamel, décédé dans la nuit du 15 au 16 décembre 2010 dans les locaux de la sûreté de Constantine. Dès l'ouverture de ce procès marathon, la défense de la partie civile a mis en exergue les contradictions relevées quant aux conclusions des résultats de l'autopsie demandant un complément d'informations, une deuxième autopsie, la reconstitution des faits et la requalification de l'affaire. Ce point de droit a conduit la juge d'instruction à se retirer pour délibérer. Toutefois, elle n'accédera pas à la demande de la défense de la victime et le procès a bel et bien eu lieu. Le collectif de défense des accusés, plaidant pour la thèse du suicide, a soutenu que «la victime n'a subi ni sévices corporels ni brutalités policières», tout en soulignant qu'il est de son droit d'accéder à la requête introduite par la partie civile. Les sept prévenus poursuivis pour négligence professionnelle ayant entraîné mort d'homme : quatre officiers placés sous mandat de dépôt et trois AOP mis sous contrôle judiciaire le 25 décembre 2010, ont été auditionnés l'un après l'autre par le magistrat instructeur. «Avez-vous oui ou non violenté le défunt ?» est la question centrale qui a fusé tout au long de l'audition. Réfutant de facto la version du suicide, maître Soudani, représentant la partie civile, s'interroge : «Pourquoi a-t-on conduit la victime dans les sous-sols du commissariat central, du moment que les personnes agressées ont confirmé que feu Toufouti n'est pas l'auteur de l'agression ?» Ce sera ensuite au tour des ayants droit – deux frères, une sœur et la mère de la victime – de comparaître devant le tribunal dans le cadre de cette affaire, qui est loin d'avoir livré tous ses secrets. Rien n'a été laissé au hasard par la juge d'instruction, puisque l'équipe de médecins légistes est sollicitée pour apporter son éclairage scientifique. A l'heure où nous mettons sous presse, les 24 témoins se relayaient encore à la barre.