Quatre officiers sous mandat de dépôt et trois agents sous contrôle judiciaire. Tension, suspicion et incompréhension caractérisent l'affaire relative au décès du détenu Kamel Toufouti, âgé de 41 ans, au commissariat central de Constantine. Au moment où le représentant du ministère public près la cour de Constantine, maintenant la thèse du suicide transmettait le dossier à son homologue de Chelghoum El Aïd, comme l'exige la loi, la population de Hamma Bouziane sort dans la rue par centaines pour revendiquer la vérité sur les circonstances qui ont provoqué le décès du détenu, rejetant en bloc la thèse du suicide présentée par la police, selon laquelle le défunt aurait utilisé les lacets de ses chaussures pour se donner volontairement la mort. Les mis en cause dans cette affaire accusés de négligence ont été auditionnés jeudi dernier jusqu'à 1 heure du matin. Le magistrat instructeur du tribunal de Chelghoume El Aïd, a placé deux commissaires, un officier et un inspecteur sous mandat de dépôt, alors que trois agents de police ont été mis sous contrôle judiciaire en attendant le procès qui aura lieu demain. Dans quelles conditions Kamel est-il mort? Que s'est-il réellement passé ce 16 décembre? La famille du défunt, qui s'est constituée partie civile en déposant une plainte contre la Sûreté de wilaya, ne croit pas un mot de ce qu'avance la police, notamment depuis que le frère aîné de la victime répondant au nom de Mouloud Toufouti confirme avoir constaté des contusions sur le corps de son frère. La famille demande une enquête indépendante du ministère de l'Intérieur, en plus de celles déclenchées par la justice et la Dgsn. Une commission d'enquête de cette dernière, a d'ailleurs été dépêchée au lendemain des faits à Constantine, laquelle s'est déplacée même à Hamma Bouziane. Dans cette affaire, le président de la section Laddh de Constantine, avait déclaré avant que les sanctions contre les mis en cause ne tombent, que la balle est dans le camp du représentant du ministère public, car, selon lui, il est indispensable de savoir si le détenu faisait l'objet d'une détention administrative, cela permettra, selon lui, de déterminer le traitement judiciaire de l'affaire. De son côté, le directeur de la Police judiciaire, Abdel Aziz Affani, déclare que ce qui s'est passé est une grave négligence et que ceux qui sont derrière cet acte seront sévèrement punis. Par ailleurs, le frère aîné de la victime souligne que la famille allant se rendre à la cour de Chelghoum El Aïd qui a été désignée pour leur audition, réclame de nouveau une enquête indépendante en précisant que les conclusions de l'autopsie ont infirmé la thèse du suicide et a son sens, les déclarations du directeur de la Police judiciaire ne reflètent que l'aveu de la culpabilité des policiers. Il convient de noter que la justice, à Constantine, n'a décidé de convoquer la famille que jeudi dernier vers 15 heures pour une audition.