Très bavard depuis que sa hiérarchie lui a demandé de s'exprimer, le Premier ministre vient de donner une nouvelle leçon de démocratie algérienne en affirmant que «personne ne reste à la présidence de la République à vie». Pour une fois, il a (presque) raison. Ben Bella a été chassé à l'issue d'un coup d'Etat militaire par Boumediène qui, lui, est resté au pouvoir jusqu'à sa mort. Chadli a lui aussi été chassé du pouvoir et Boudiaf a été assassiné quelques mois après son arrivée. Quant à Zeroual, il a été poussé à la démission. Non personne, à part Boumediène, n'est resté à la présidence à vie. C'est le seul, sauf si l'actuel Président meurt avant 2014. Ce qui amène cette question : «Personne ne reste au gouvernement à vie ?» Quand on voit le parcours d'Ahmed Ouyahia, ministre puis chef de gouvernement et Premier ministre depuis presque 20 ans, patron du RND depuis 12 ans, on serait tentés de croire qu'il va rester à vie au gouvernement. C'est d'ailleurs l'énigme de la décennie : qui le soutient et le maintient coûte que coûte malgré son impopularité et ses mauvais résultats économiques ? Ce ne sont certainement pas les électeurs, mais si c'est le président de la République, comment expliquer qu'il était déjà là avant que Abdelaziz Bouteflika ne soit ramené du Golfe vers le Golf ? Si ce sont les militaires qui le maintiennent, comment expliquer alors qu'ils n'ont aucune autre influence sur le Président ? Ne reste qu'une seule explication : le général T., le grand DRH, directeur et gestionnaire des ressources humaines. Dans ce cas, quel est l'intérêt pour lui de garder éternellement un homme comme Ouyahia, qui change d'avis économique tous les ans ? C'est la deuxième énigme. Mais comme le général est lui-même l'énigme suprême, il n'y a plus d'énigme. Mathématiquement, Ahmed Ouyahia n'est qu'une constante dans une équation sans solution, qui génère l'impasse du système.