A Alger depuis dimanche dernier, le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection de la liberté d'opinion et d'expression, envisage de transmettre au gouvernement algérien des recommandations en matière d'ouverture médiatique. M. La Rue, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a entamé son programme d'entretiens avec les officiels algériens et les représentants de la société civile afin d'avoir matière à établir un rapport sur la situation de la liberté d'opinion et d'expression en Algérie. «Ma visite d'une semaine en Algérie sera ponctuée par des recommandations que je soumettrai au gouvernement algérien pour davantage de libertés d'opinion et d'expression ainsi que pour plus d'ouverture possible des médias» a déclaré M. La Rue à l'APS, à l'issue de son entretien avec le ministre de la Communication, Nacer Mehal. Le rapporteur onusien souligne être aussi venu en Algérie pour «examiner les réformes entreprises par le gouvernement en la matière, ainsi que les nouvelles lois relatives à la communication et à l'information». Il a par ailleurs émis le vœu de rencontrer le maximum d'interlocuteurs parmi les représentants de la société civile et des médias. Scindés en deux phases, les rendez-vous de M. La Rue seront étalés sur toute la durée de son séjour qui le mènera aussi à Oran. Ainsi, pour la phase institutionnelle, le rapporteur onusien, après le ministre de la Communication, doit rencontrer des cadres des ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères, de la Culture et de la Justice, ainsi que le président de la Commission nationale consultative de promotion des droits de l'homme. «Nous parlerons de tout ce qui est lié à l'ouverture des médias et à l'ouverture de la presse en général», a-t-il dit. Et d'affirmer qu'«il est très important que le code pénal soit le moins restrictif possible sur le plan des médias, de la liberté d'expression et d'opinion». Le rapporteur des Nations unies, qui a entamé hier des entretiens avec des représentants de la société civile, notamment la Ligue de défense des droits de l'homme et l'Association des familles de disparus, est attendu aujourd'hui à la maison de la presse Tahar Djaout afin de rencontrer les professionnels des médias pour discuter de la situation de la presse algérienne. Alternant réunions entre institutions étatiques et organisations autonomes, M. La Rue s'entretiendra avec les premiers responsables de la télévision, de la radio et du Centre international de presse (CIP), ainsi qu'avec les directeurs de journaux indépendants. Il donnera une conférence de presse le 17 avril, à l'issue de sa visite en Algérie. A noter que cette visite intervient dans un contexte d'ébullition touchant différents secteurs, notamment celui des médias. Le vent de colère qui anime la rue d'Alger depuis janvier dernier, que les autorités tentent d'étouffer, exprime à lui seul l'absence de canaux d'expression permettant aux Algériens de dire leur refus de continuer à subir au lieu d'agir. Si au premier jour de son arrivée à Alger, la presse indépendante s'est faite l'écho du rapport très critique du département d'Etat sur la situation en Algérie, hier, alors qu'il était reçu par le ministre de la Communication, des étudiants ont été tabassés par les forces de l'ordre devant le siège de la présidence de la République.