En s'adressant directement aux Algériens, le chef de l'Etat a mis fin, hier, aux rumeurs qui circulaient, à vrai dire depuis l'automne dernier, faisant de 2011 l'année des changements. De vrais et importants changements, disait-on alors, avec à la clé un programme incluant une révision de la Constitution et des élections à différents niveaux. On ne sait pas si pour cela des personnalités de différents bords et même de l'opposition ont été impliquées, ou bien alors qu'elles ont refusé si changement il y a, il ne se fera pas sans elles. Une situation inédite, où la rumeur se substituait à la vraie communication, ou tout simplement les canaux traditionnels, lesquels, relevait-on, étaient muets. Quant à l'Alliance elle semblait surtout entrainée par la rumeur, avant de développer un faisceau de convergences quant à l'objectif assigné aux réformes en question. L'on a alors compris à travers les interventions du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et du secrétaire général du FLN, qu'il n'était pas question d'aller vers une Constituante et que les réformes envisagées devaient être menées «à l'intérieur des institutions». Le président de la République a effectivement annoncé une révision de la Constitution, et à cet effet, la création d'une commission constitutionnelle, à laquelle participeront les courants politiques agissants et des experts en droit constitutionnel. «Elle (la commission) me fera des propositions dont je m'assurerai de la conformité avec les valeurs fondamentales de notre société, avant de les soumettre à l'approbation du Parlement ou à vos suffrages par la voie référendaire», a-t-il expliqué. Et aussi une révision «profonde» de la loi électorale, afin de permettre aux citoyens d'exercer leur droit électoral dans des conditions «empreintes de démocratie et de transparence». S'agissant de la participation des partis politiques dans la révision de la loi électorale, le président Bouteflika a indiqué que «tous les partis politiques, qu'ils soient représentés ou non au Parlement, seront mis à contribution et consultés en vue d'élaborer le nouveau système électoral». La garantie de transparence et de crédibilité des élections sera aussi assurée par «des observateurs internationaux, et ce, en concertation avec tous les partis agréés». Que l'on est loin de toutes les supputations de ces dernières semaines, durant lesquelles la réflexion avait même porté sur la nature du système, celle-ci se posant pour beaucoup avec insistance. Et il y a lieu de rappeler que de nombreux analystes regrettent qu'elle n'ait pas figuré dans l'agenda des travaux de la commission de réformes des institutions de l'Etat mise sur pied par le chef de l'Etat dès son élection en 1999. D'ailleurs, Abdelaziz Belkhadem a souligné, mercredi, que la Constitution de 1996 amendée en 2008 n'est ni parlementaire ni présidentielle. «Il y a un problème avec le système semi-universel, car le pouvoir ne se partage pas.» Le premier responsable du FLN est pour le système parlementaire, mais avant cela, souligne-t-il, «on doit adopter le système présidentiel tel qu'il existe aux Etats-Unis et au Brésil». Est-ce là la révision «même profonde» d'ores et déjà acceptée par les trois partis de l'Alliance présidentielle ? Qu'en pense par ailleurs l'opposition qui avait appelé, elle aussi, à des changements susceptibles selon elle de déverrouiller une situation qu'elle juge explosive ? Des changements sont donc attendus et ils sont aussi d'ordre législatif avec de nouvelles lois électorales pour l'une et sur les partis pour l'autre, et une troisième sur l'information comportant la dépénalisation du délit, sans cesse demandée par la corporation. Reste à savoir comment seront menés ces changements et leur prolongement au plan politique et institutionnel.