L'économie algérienne est touchée de plein fouet par le syndrome hollandais. C'est le constat dressé par des experts algériens, lors de la table ronde consacrée à la fiscalité pétrolière et la croissance économique, organisée hier au centre de presse du quotidien El Moudjahid. Le syndrome hollandais est apparu en 1970 et fait référence aux difficultés rencontrées par l'économie hollandaise suite à l'exploitation, dans les années 1960, des réserves de gaz naturel du gisement de Slochteren. L'augmentation des exportations produit un excédent commercial. Cet excédent se traduit par une appréciation du taux de change. Importer des biens devient alors plus avantageux que de les produire localement. En clair, la richesse liée à l'exploitation d'une ressource naturelle entraîne le déclin des autres productions locales et donc une flambée des importations. C'est l'avis d'ailleurs de l'expert-comptable Djamel Djerrad : «Il y a eu un nivellement par le bas des autres secteurs de production. Notre pays a eu recours à l'importation massive au détriment de la production interne.» L'économie algérienne tire de l'exportation des hydrocarbures 98% de ses revenus et 70% des recettes fiscales. L'Algérie, 7e exportateur mondial de gaz, est classée 21e à l'échelle mondiale en termes de réserves pétrolières et 9e en matières de réserves prouvées de gaz, selon les chiffres fournis par l'orateur. Or il est constaté une incapacité structurelle à diversifier son économie pour moins dépendre du pétrole. Ancien responsable au ministère de l'Energie et des Mines, Khaled Boukhelifa critique, pour sa part, la politique d'expansion budgétaire du gouvernement. «Réaliser de grandes infrastructures, c'est plus simple qu'investir. La création de richesses et d'emplois, dépend de la croissance économique qui est très faible actuellement», déplore cet expert. Les deux intervenants ont plaidé pour une autre orientation économique devant garantir la diversification de l'économie nationale, en mettant le paquet dans des investissements productifs. «Il faut développer le secteur agricole, les petites et moyennes industries et cesser d'importer des petites choses dont on peut se passer», recommande M. Djerrad.