Une croissance économique durable et une création dynamique d'emplois, deux objectifs escomptés par les autorités publiques, sont tributaires d'une gestion «rationnelle» de la fiscalité pétrolière, qui représente toujours trois quarts des recettes fiscales du pays, ont averti, hier à Alger, des experts algériens. Une croissance économique durable et une création dynamique d'emplois, deux objectifs escomptés par les autorités publiques, sont tributaires d'une gestion «rationnelle» de la fiscalité pétrolière, qui représente toujours trois quarts des recettes fiscales du pays, ont averti, hier à Alger, des experts algériens. «La fiscalité pétrolière a été, jusqu'à présent, orientée vers la réalisation des grandes infrastructures mais son apport en matière de croissance économique a été faible», a estimé Khaled Boukhelifa, un expert consultant et ancien cadre au ministère de l'Energie. «Il faut que cette fiscalité soit réorientée vers l'investissement et la création d'emplois», a-t-il préconisé au forum d'El Moudjahid, consacré au «rôle de la fiscalité pétrolière dans la croissance». Pour lui, il faudrait aussi «tirer les leçons des anciennes expériences» qu'a vécues le pays et ne pas trop compter sur «l'illusion» que représente le transfert technologique, attendu souvent des investisseurs étrangers. «La technologie ne se vend pas sauf si elle est obsolète (....) nous sommes tenus de développer l'innovation chez nous et être compétitifs», a-t-il ajouté. Le programme national des énergies renouvelables, lancé cette année, est «un facteur de croissance parce qu'il prévoit une fabrication locale des équipements et la réalisation d'usines permettant de promouvoir l'innovation en Algérie», s'est-il réjoui. L'expert comptable et commissaire aux comptes, Djamel Djerad, a, de son côté, mis en garde contre la propagation du «syndrome hollandais» qui se caractérise par un développement élargi du secteur rentier au détriment d'autres secteurs moins rentables mais créateurs d'une richesse durable. «On se demande souvent si le pétrole est une malédiction ou une bénédiction mais je pense qu'il est bénéfique pour les pays qui savent gérer cette rente et inutile pour ceux qui tombent dans l'irrationalité budgétaire», a-t-il souligné. Et comme la maîtrise des dépenses budgétaires est l'un des piliers d'une gestion rationnelle, selon M. Djerad, il est «inadmissible de réaliser 1% seulement du budget de l'équipement dans certains cas au moment où 90% du budget de fonctionnement est exécuté normalement». Ce constat, fait par la loi sur le règlement budgétaire pour 2008, suppose que «des surcoûts d'anciens programmes vont s'ajouter aux coûts des nouveaux projets (...) et c'est exactement ce qu'en appelle l'irrationalité budgétaire». La fiscalité pétrolière, y compris la taxe sur les profits exceptionnels (TPE), a atteint 2 844 milliards de dinars en 2010, alors que le recouvrement de la fiscalité ordinaire, en hausse de 20%, a engendré des recettes de 1 500 milliards de DA durant la même année. Selon les chiffres avancés par M. Djerad, l'Algérie, 7e exportateur mondial de gaz, est classée 21e à l'échelle mondiale en termes de réserves pétrolières et 9e en matières de réserves prouvées de gaz. Ces réserves sont actuellement estimées à 4,5 billions de m3, a-t-il indiqué. R. E.