Les ex-internés des camps du Sud ne comptent pas faire exception en ces temps de contestation. Après avoir animé trois conférences depuis le début de l'année pour réitérer ses revendications, le Comité de défense des internés des camps de sûreté (CDICS) envisage d'observer un sit-in pacifique le 8 mai prochain afin d'attirer, une fois encore, l'attention des plus hautes autorités du pays sur «le déni de droit dont sont victimes les ex-internés du Sud ainsi que leurs proches», selon le communiqué du CDICS. Un appel est lancé par les organisateurs du rassemblement, à tous les adhérents, à une large mobilisation, une fois le lieu arrêté. Ils aspirent, à travers ce rassemblement, demander réparation aux préjudices physiques et moraux causés durant l'internement. Contacté, Nourredine Belmouhoub, porte-parole du CDICS, précise que le «combat des déportés du désert ne date pas d'hier, et le comité a épuisé vainement toutes les voies de recours que lui confère la loi afin de faire parvenir sa plateforme aux pouvoirs publics». Face au «mépris» de ces derniers, les ex-internés décident de sortir dans la rue, et ce n'est pas pour abdiquer face au matraquage des forces de l'ordre. «Nous savons d'ores et déjà que les autorités useront de la violence comme ils l'ont fait avec les étudiants et le reste de la population qui militent pacifiquement, mais cela ne va pas entamer notre détermination», prévient Nourredine Belmouhoub. Au nombre de plus de 30 000 ex-internés, ils ont été arrêtés sans mandat, suite à l'arrêt du processus électoral en janvier 1992, et remis en liberté sans notification de délit. Le CDICS dénonce, entre autres, «leur exclusion de la Charte dite pour la paix et la réconciliation nationale». D'autre part, ils exigent des comptes et une réparation quant aux stigmates de leur internement dans des régions extrêmement touchées par les effets des essais nucléaires français, telles que Reggane, Oued Namous et Aïn M'guel.