Des lobbies exerçant à l'intérieur du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et à l'extérieur de cette institution font la loi dans notre pays. Les barons de la santé existe bel et bien dans ce secteur des plus sensibles», ces accusations émanent du porte-parole du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), Dr Mohamed Youcefi. Lors d'une conférence de presse animée hier au siège de cette organisation syndicale, le conférencier a identifié clairement ces barons. Il s'agit d'un clan au niveau du ministère, à sa tête le directeur des ressources humaines. A l'extérieur, deux syndicats sont pointés du doigt, celui des professeurs et docents et celui des maîtres assistants en sciences médicales. Dr Youcefi parle de convergence d'intérêt entre les deux parties. Il dénonce, à cet effet, le comportement du directeur des ressources humaines qui a osé envoyer un document à la direction de la Fonction publique (DGFP) portant régime indemnitaire des praticiens élaboré sans concertation avec ces derniers. Dr Youcefi condamne aussi l'attitude «ignoble» des deux syndicats qui se sont érigés en tutorat et agissent comme une caste. Preuve à l'appui, l'orateur exhibe une correspondance adressée par les deux syndicats et portant la signature du professeur Djidjli à la DGFP au Premier ministre et au ministre de l'Enseignement supérieur. Dans cette missive, les deux syndicats ordonnent aux responsables de ces départements de ne pas prendre en charge le projet de décret amendant certains articles du statut particulier des spécialistes de santé publique paru il y a de cela deux années. Ces amendements, selon les deux syndicats, visent à aligner les spécialistes à la même échelle que les enseignants chercheurs hospitalo-universitaires. Ce qui n'est pas du goût de ces derniers. Justement dans la lettre, les deux syndicats expliquent que «cette démarche récurrente est déjà rejetée il y a juste une année par la Fonction publique, et cette fois encore, elle ne peut et ne doit à notre sens qu'être refusée». Une affaire de reclassement Plus loin, les deux syndicats se disent persuadés que «la Fonction publique ne peut accepter qu'un spécialiste de santé publique et uniquement par ancienneté soit classé au même niveau qu'un professeur qui a passé quatre concours nationaux et une thèse». Dans le cas où l'administration (DFP) accède à la demande des praticiens, les deux syndicats seront dans l'obligation, à leur tour, de demander le reclassement des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires et cela dans les plus brefs délais. Irrité par ce comportement «inqualifiable et indigne», le syndicat des praticiens spécialistes a décidé de réagir. Il convoquera un conseil national représentant tous les établissements de santé publique le 4 mai prochain pour décider des actions à entreprendre face à cette situation qui tend vers le pourrissement et aux «tergiversations de la tutelle et le non-respect de ses engagements» à satisfaire leurs revendications. Dans ce cadre, l'orateur n'a pas exclu le recours au mouvement de protestation. Tout en accusant certains médecins, proches du cercle du pouvoir d'être au-dessus de la loi, le syndicat des praticiens va entreprendre une action en justice contre les hospitalo-universitaires et envisage de saisir le Conseil de l'ordre des médecins, comme il demande au ministre de la Santé de prendre des décisions nécessaires pour mettre fin à l'action de ces lobbies. Pour ce qui est des autres revendications, Dr Youcefi a rappelé le dossier du concours pour la promotion dans la carrière professionnelle institué en 1982 avant d'être annulé, ajoutant que ce dossier «dépend toujours de la signature de la Fonction publique, alors que 2500 praticiens aspirent à son application». Dr Youcefi a, en outre, affirmé la solidarité du SNPSSP avec le SNPSP et les médecins résidents qualifiant leurs revendications de «légitimes».