Les rues du chef lieu de wilaya sont jonchées de poubelles l Les travailleurs de la voirie exigent la régularisation de leur statut. Depuis plus d'une semaine, en arpentant la moindre rue de la capitale du Djurdjura, l'habitant ou le visiteur de la ville de Tizi Ouzou est contraint d'inhaler des puanteurs insupportables, émanant des amoncellements d'immondices et autres déchets ménagers non collectés.La raison est que les 271 travailleurs de la régie communale ont entamé, depuis le 17 avril courant, une grève illimitée, demandant à être écoutés par les autorités et les élus, qu'ils interpellent à œuvrer dans le sens d'apporter satisfaction à leurs revendications. Ces communaux, qui se disent disposés à se mobiliser pour nettoyer en un temps record leur ville, pour peu qu'ils soient écoutés et que les «autorités s'engagent sérieusement à apporter des solutions» à leurs problèmes, dénoncent le fait que «pas un seul responsable n'ait osé venir nous voir après une quinzaine de jours de fermeture de la mairie». Ils demandent à ce que leur statut soit régularisé conformément à la réglementation, sachant qu'ils exercent encore comme contractuels, alors qu'ils ont des expériences allant de 7 à 17 ans, voire plus pour certains cas. En revanche, envers leurs concitoyens, ils «sollicitent le soutien et la solidarité», car, disent-ils, «ce n'est pas de gaieté de cœur que nous avons entamé cette action, qui nous gène autant que tous les autres habitants de la ville face à ces désagréments. Nous sommes, nous aussi, tous des pères de plusieurs enfants». Appréhendant le «risque de dissolution de l'APC» et n'ayant pas perçu leurs salaires depuis cinq mois, (14 000 DA/mensuellement), indiquent-ils, ils n'écartent pas «l'extrême solution», à savoir «nous suicider collectivement en nous immolant par le feu dans le cas où nous ne serions pas écoutés et régularisés», menacent-ils. Se demandant pourquoi n'use-t-on pas, à Tizi Ouzou, comme a usé le wali d'Oran en ordonnant dernièrement de régulariser le personnel contractuel de la collectivité de la capitale de l'Oranie, les protestataires dénoncent par ailleurs «les menaces des autorités de la commune de bloquer les factures des entrepreneurs» si ces derniers refuseraient de nettoyer la ville, selon ces travailleurs, regroupés jeudi dernier en sit-in devant l'édifice de la mairie de Tizi Ouzou. Dans un écrit, ces derniers s'élèvent encore contre ce qu'ils qualifient de «mensonge, de fuite en avant et de fausses promesses», après diverses rencontres les ayant réunis avec le SG de la wilaya, le chef de daïra et les élus APC. «Ils nous avaient promis de régler nos problèmes, pour peu que nous leur accordions un délai de dix jours. Nous leur avions dit alors qu'ils ont deux mois devant eux. Les deux mois sont largement dépassés. Que faire ?» se sont-ils demandé. Par ailleurs, des habitants de la ville de Tizi Ouzou, comme Mohamed, propriétaire d'un garage de réparation à la cité du 11 Décembre et devant lequel un immense dépotoir a été formé en moins d'une semaine, disent «comprendre ces travailleurs avec lesquels on ne peut qu'être solidaire», néanmoins, avoue Mohamed, «je suis énormément outré par ces gens qui se la joue malins ; au lieu de s'organiser avec tous les voisins en pareilles situations en improvisant, par exemple, de petites décharges un peu éloignées des immeubles, faciles à gérer pour chaque collectif d'habitants, à incinérer, voire à collecter eux-mêmes éventuellement, ces personnes ramènent, souvent en nocturne, leurs poubelles pour les y déverser sans scrupules devant les portes d'autrui. Voilà ce qui est révoltant !». Face à ces désagréments, de nombreux habitants de quartiers usent en effet de l'incinération des déchets, mais néanmoins cette méthode n'est pas moins dangereuse en ces temps de sécheresse où l'on risque d'engendrer de potentiels incendies.