«Le rapport annuel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental ne comportait pas d'appel spécifique à un mécanisme international en matière des droits de l'homme», a déclaré, dimanche, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Le Conseil de sécurité, à en croire la «mise au point» fournie par Bernard Valéro, n'aurait fait que suivre à la lettre le rapport de Ban Ki-moon. Le communiqué du ministère français des Affaires étrangères représentait en fait, une réponse aux critiques du président sahraoui qui avait dénoncé sans ambages le rôle négatif joué par la France dans le conflit du Sahara occidental. L'Hexagone s'est, notamment opposé à l'élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). Il a farouchement combattu la revendication sahraouie qui consiste à doter la Minurso d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme. «Un pays berceau des droits de l'homme, qui, pas plus tard qu'hier (le 30 avril, Ndlr), au sein du Conseil de sécurité, s'est fait l'avocat de l'occupant pour défendre les violations des droits humains par le Maroc au Sahara occidental», avait déclaré Mohamed Abdelaziz, au lendemain de l'adoption de la résolution 1920 par le Conseil de sécurité. Et comme pour se déculpabiliser, le porte-parole du Quai d'Orsay a tenu à préciser que la nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, dénoncée par le président de la Rasd comme négligeant les droits de l'Homme, contient en fait un appel «un appel aux parties à appliquer leurs engagements internationaux s'agissant de la dimension humaine de ce conflit», a-t-il insisté. Une bien maigre consolation dont ne peut se satisfaire le Front Polisario qui réclamait à cor et à cri la mise en oeuvre d'un mécanisme de supervision des droits de l'homme. Une quarantaine de prisonniers politiques croupissent dans les geôles marocaines et leur état de santé se détériore de jour en jour. Six militants des droits de l'homme ont été jetés en prison après leur retour le 13 octobre 2009 d'une visite effectuée dans les camps de réfugiés de Tindouf...Ces dépassements ainsi que la répression exercée par les forces d'occupation marocaines ne sont pas une vue de l'esprit. Ils sont de notoriété publique et régulièrement dénoncés par des ONG et des organisations de défense des droits de l'homme. «La communauté internationale doit se donner les moyens de protéger la population civile sahraouie en élargissant le mandat de la Minurso à la surveillance effective du respect des droits de l'homme et en mettant le Royaume chérifien en situation de respecter au Maroc comme au Sahara occidental, ses engagements internationaux», a indiqué dans un communiqué, le 11 mars 2010, l'ONG française des amis de la Rasd (Aarasd). Un appel auquel est resté sourd le Conseil de sécurité avec la bénédiction de la France. «A l'instar de l'ONU, nous avons salué comme une avancée la proposition d'autonomie déposée par les Marocains sur la table du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon», a confié le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, lors de sa dernière audition par la commission des affaires étrangères du Palais Bourbon. Le soutien du gouvernement français au projet marocain de large autonomie des territoires occupés du Sahara occidental altérera-t-il pour autant le combat du peuple sahraoui? «Le positionnement de la France ne peut que prolonger dans le temps la tragédie du peuple sahraoui, sans toutefois entamer sa détermination et son courage à lutter pour défendre son droit légitime à l'autodétermination et à l'indépendance», a assuré le secrétaire général du Front Polisario. Alors faute de grives mangera-t-il des merles? Il est fort à parier que la sortie médiatique de la diplomatie française qui revêt une forme de culpabilité qui justifie son parti pris en faveur de la proposition marocaine, ne restera pas longtemps sans réponse appropriée.