Après sa suspension de son poste de travail par l'administration douanière, Ahmed Badaoui, secrétaire général du Syndicat national des douanes (SND), devait être présenté hier au procureur. Cette présentation a été tout simplement annulée sans aucune explication des policiers. Ces derniers ont juste demandé au syndicaliste qui s'est présenté au commissariat central de « revenir dans deux ou trois jours pour accomplir cette formalité ». M. Badaoui a alors exigé qu'une convocation lui soit remise sur place, mais les policiers ont préféré prendre son numéro de téléphone pour le contacter le jour où ils décideront de le présenter au parquet du tribunal de Sidi M'hamed (Alger). Tout porte à croire que cette présentation par la police obéit à des considérations purement politiques. En effet, vendredi dernier, alors qu'Ahmed Badaoui était absent de son domicile, des policiers en civil, de la brigade économique et financière de la Sûreté de la wilaya d'Alger, munis d'un mandat de perquisition délivré (un vendredi !) par le procureur, ont procédé à des fouilles dans son logement de fonction et celui de sa première épouse. Ils ont pris des photos et des livres (celui de Mohamed Benchicou, L'imposture, et de Hicham Aboud, La mafia des généraux). Avant de repartir, les policiers ont laissé une convocation au syndicaliste, pour samedi, au commissariat central. L'interrogatoire, dans les bureaux du service de la brigade économique, a duré plus de 7 heures (de 9h30 à 17h). Les questions posées par les enquêteurs étaient beaucoup plus liées au contenu d'une lettre anonyme qui a circulé, il y a deux mois, dans les bureaux de l'administration douanière, faisant état de graves accusations de corruption et de détournement. Selon toute vraisemblance, le parquet s'est autosaisi pour ouvrir une information judiciaire au sujet de cette lettre. Une décision rarement prise, en dépit des nombreux scandales révélés au grand public par la presse.