La journée de protestation contre la suspension du secrétaire général du Syndicat national des Douanes (SND), Ahmed Badaoui, par le premier responsable de l'administration douanière a été finalement gelée sur « insistance du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, lequel s'est engagé à rétablir personnellement la situation ». C'est ce qu'a affirmé, hier, Touil Mohamed, membre de la section syndicale des Douanes pour le port d'Alger. Une AG extraordinaire du conseil national du SND est prévue aujourd'hui pour décider des actions à mener, en réponse à la décision de suspension d'Ahmed Badaoui. Nous avons, avec l'ensemble des membres de la coordination des entreprises portuaires, jugé la décision du DG des Douanes illégale et très grave, car elle porte atteinte à l'exercice syndical. Pour cette raison, nous avions appelé, en tant que section du port d'Alger, à une journée de protestation. Mais, à la suite d'une longue discussion avec le premier responsable de l'UGTA, ce dernier s'est engagé à prendre en charge personnellement cette affaire, en contrepartie du gel de cette action. Ce que nous avons accepté en lui donnant le temps d'agir... », a-t-il déclaré. M. Touil a expliqué que tous les syndicats faisant partie de la coordination des entreprises portuaires ont donné leur accord pour une grève générale, prévue le 5 décembre prochain, parce que leurs revendications sont les mêmes. Le chargé des conflits au niveau du SND a estimé que le mouvement de grève était la seule solution pour dénoncer une situation d'instabilité et de laisser aller au sein de l'administration douanière. « Tous les responsables ne sont pas nommés. Ils assurent leur mission en tant qu'intérimaires. Les conditions de travail des douaniers ne cessent de se détériorer. La suspension du secrétaire général est illégale et le but, derrière cette mesure, est de frapper cette alliance née entre les autres syndicats d'entreprise. » Et alors que ce syndicaliste poursuivait son intervention, un ancien membre de la section du port d'Alger, Ramdane Kamel en l'occurrence, est intervenu pour dénoncer « les agissements » du secrétaire général du SND, allant jusqu'à le qualifier de « dictateur ». Ce qui a provoqué la colère de certains douaniers, lesquels ont commencé à s'échanger des accusations aussi graves les unes que les autres, exhibant de ce fait le linge sale de l'institution. Par conséquent, de nombreux douaniers ont dû quitter la salle, mettant ainsi fin à une assemblée qui venait à peine de commencer. Mais, l'arrivée de Ahmed Badaoui a fait rebrousser chemin à l'assistance. « Nous traversons une situation très grave et dangereuse pour le mouvement syndical. Si vous voulez le départ de Badaoui, je suis prêt à partir. Mais, le plus important est de préserver le seul cadre de défense des travailleurs, qui est l'organisation syndicale. Il y a une semaine, le conseil nationale, avec ses 68 sections syndicales, a adopté à l'unanimité le principe de la grève générale, prévue pour le 5 décembre prochain. Il a aussi réaffirmé son soutien à la direction du SND. Si vous remettez en cause cet accord, je suis prêt à aller vers une conférence nationale extraordinaire, et c'est dans ce cadre qu'apparaîtra le poids des uns et des autres. Sachez que l'enjeux n'est pas Ahmed Badaoui, mais l'exercice du droit syndical au sein de la douane », a noté le secrétaire général. Il a affirmé que jusqu'à la fin de la journée du mardi, des discussions ont eu lieu entre Abdelmadjid Sidi Saïd, et 4 secrétaires nationaux, dont Malki, Abdelalli et Badreddine, pour aboutir à une réaction très vive contre la décision de suspension dont il a fait l'objet. « Notre tort était d'avoir demandé un bilan de la gestion du DG, depuis son arrivée il y a 5 ans. Nous avions demandé des explications sur les grands dossiers ouverts puis oubliés, liés à l'exportation des déchets ferreux et non ferreux, SKD et CKD, de l'affaire de l'importation des deux stations de dessalement d'eau de mer par le groupe Khalifa... Et la réaction du DG a été de chercher à tout prix de nous sanctionner, en commençant par instrumentaliser certains membres syndicaux de la direction générale qui ont, d'ailleurs, appelé au gel des activités syndicales, avant d'arriver à la suspension. C'est inadmissible qu'un syndicaliste puisse cautionner une démarche qui vise l'interdiction du droit à l'exercice syndical. La décision du DG des Douanes est une gifle donnée à l'UGTA, parce qu'à travers moi, c'est l'UGTA qui est également visée », a-t-il encore déclaré. Badaoui a affirmé, en outre, que cette décision a été prise avec la complicité d'un secrétaire national de l'UGTA, et l'accord « d'un ministre de la République, chargé justement du respect des lois en matière d'exercice du droit syndical ». Il a annoncé, par ailleurs, que Sidi Saïd a demandé par écrit, au DG des Douanes, l'annulation de la suspension. La lettre a été transmise hier par le secrétaire général de la fédération des Finances, M. Zouaoui, qui a été rejoint par un secrétaire national de l'UGTA. Jusqu'en fin de journée, aucune nouvelle quant à cet entrevue n'a été donnée. Néanmoins, Ahmed Badaoui a annoncé qu'une réunion extraordinaire du conseil national du SND aura lieu aujourd'hui et devra statuer sur la décision de Sid Ali Lebib. Il a également fait part des nombreux messages de soutient reçus de la part de plusieurs syndicats d'entreprises, dont celui de la SNVI, des fédérations de métallurgie et de l'éducation, mais aussi de la CGT de Marseille.