Le directeur général des Douanes a suspendu, hier, Ahmed Badaoui, secrétaire général du Syndicat des douanes, de son poste d'inspecteur divisionnaire pour « atteinte grave à l'ordre ». Cette décision, signée par le directeur général en personne, Sid Ali Lebib, sur sa propre proposition, comme mentionné sur le document officiel, a été prise à la suite « du comportement indécent du concerné en tant que secrétaire général du Syndicat national des douanes ». Elle est basée sur « les décrets présidentiels portant la déclaration de l'état d'urgence et sa prolongation, le décret législatif relatif au statut de la Fonction publique, la lettre adressée le 19 novembre 2005 au secrétaire général de l'UGTA à propos du comportement indécent du secrétaire général du SND, et la lettre datée du 23 novembre et sur proposition du directeur général des Douanes ». Il s'agit là d'une première dans les annales de l'activité syndicale. En effet, Ahmed Badaoui, en tant que responsable élu d'un syndicat reconnu et légal, bénéficie de l'immunité. Son limogeage de son poste de travail doit obéir aux dispositions de la loi 90/14 qui régit l'exercice du droit syndical. Il est important de signaler que cette mesure intervient au moment où le syndicat vient de rejoindre le mot de grève générale prévue le 5 décembre prochain, lancé par la coordination des syndicats des entreprises portuaires affiliés à l'Ugta, et à laquelle se sont joints d'autres syndicats autonomes. Elle intervient également au moment où le même syndicat vient de réagir, à travers un communiqué, contre ce qu'il a appelé « une grave dérive commise par un comité de soutien au programme du président de la République, créé récemment par des cadres de cette institution ». En effet, dans un appel signé par « le comité national de soutien au programme du président de la République », diffusé le 20 novembre dernier dans de nombreuses structures de l'administration douanière à l'échelle nationale, adressé aux « douaniers et douanières » ainsi qu'au premier responsable de l'institution, il est demandé à ce dernier « la dissolution du Syndicat des douanes, la poursuite de la campagne d'assainissement et la lutte contre la corruption, le clanisme et l'incompétence ». En réaction, le bureau national du syndicat a rendu public un communiqué dans lequel il a dénoncé ce qu'il qualifie de « grave dérive », qui constitue un fait sans précédent, dont sont complices certaines sections syndicales se disant redresseurs. Le SND a fustigé « cette nouvelle tentative de manipulation, dont les initiateurs, a-t-il affirmé, sont clairement identifiés », tout en appelant les pouvoirs publics à mettre un terme à cette situation. A cette occasion, il a réitéré sa demande pour une évaluation du mandat de cinq années du premier responsable de l'institution douanière et demandé à l'ensemble des cadres « de se démarquer de la démarche qui consiste à exiger la dissolution du syndicat et de faire barrage aux détracteurs du SND, seul cadre organique au sein de l'UGTA de la défense des droits des travailleurs ». Contacté, le secrétaire général du Syndicat des douanes, Ahmed Badaoui, s'est déclaré, hier, « scandalisé » par la mesure de suspension dont il a fait l'objet, même si, a-t-il tenu à préciser, « au fond, nous nous attendions à une telle décision. Nous sommes face à une grave restriction de la liberté syndicale ». Pour l'instant, une réunion du bureau national a été prévue pour aujourd'hui et il est attendu que la première réaction à la mesure prise par le patron des Douanes soit rendue publique. Du côté de la centrale syndicale, rien n'a filtré.