Les ambassadeurs de France et de Grande-Bretagne, Xavier Driencourt et Martyn Ropert, ont été les hôtes du Centre culturel français d'Oran, mercredi dernier, le temps d'une conférence commune sur le thème : «France et Grande-Bretagne : regards croisés sur une relation passionnée». Les deux ambassadeurs ont longuement parlé de l'histoire commune de leurs pays respectifs, passionnée et conflictuelle pendant sept cents ans, avant de laisser place à une alliance fraternelle et indéfectible. Une question se pose alors : en quoi l'histoire franco-britannique, fut-elle à ce point passionnée, a de si intéressant pour un public algérien ? M. Driencourt, qui a pris la parole en premier, a commencé son allocution par cette boutade : «Toute ressemblance avec un personnage existant ne saurait être que fictive !», sous-entendant par là qu'aucune similitude n'a à voir avec la relation algéro-française. Pourtant, l'ensemble de l'assistance a bel et bien eu cette impression : et si cette évocation, celle des relations franco-britanniques, avait pour but justement d'adresser un message subliminal aux Algériens ? M. Driencourt a axé son allocution sur le côté historique des relations franco-britanniques, sur leur rivalité légendaire ainsi que sur la place de l'Algérie dans leur histoire commune. Les deux pays ont de tout temps été rivaux et se sont toujours battus pour les problèmes de frontières ou d'identité. On saura alors que si la France, en 1830, après la conquête d'Alger, s'est «dépêchée» d'envahir tout le territoire algérien, cela était précisément par peur d'une éventuelle concurrence avec la Grande-Bretagne. Pour sa part, l'ambassadeur britannique, Martyn Ropert, a affirmé, lors de son discours, que les relations entre l'Algérie et la Grande-Bretagne sont excellentes, mais qu'il fallait les renforcer davantage : «Nous avons cinq missions économiques qui vont entreprendre des visites en Algérie, dont l'une aura lieu pas plus tard que la semaine prochaine. J'insisterai personnellement afin que l'une de ces missions ait lieu à Oran.» Après les deux interventions, un débat a eu lieu, durant lequel le public présent a pu poser aux deux ambassadeurs des questions ayant trait à l'actualité. L'on notera ainsi la déclaration de l'ambassadeur de France sur la possibilité d'une suspension des accords de Shengen : «Pour l'heure, aucune décision juridique n'a été prise en ce qui concerne Shengen. La France et l'Italie n'ont fait que constater que dans Shengen, il y a des possibilités de suspendre temporairement lesdits accords, et ce sont engagés à saisir le président de la commission européenne pour voir si on pourrait ajouter d'autres dispositions permettant la suspension temporaire qui est actuellement limitée à trois cas très précis. Mais il n'y a eu aucune décision juridique.» Enfin, au cours de l'après-midi qui a précédé la conférence, les deux ambassadeurs se sont rendus au cimetière militaire de Petit Lac et au cimetière marin de Mers El Kébir, où ils se sont inclinés à la mémoire des Algériens morts lors des deux guerres mondiales.