Le contrat de « gestion déléguée », pour 5 ans, signé le 28 novembre dernier entre la firme française Suez, d'une part, et l'Algérienne des eaux (ADE) et l'Office national d'assainissement (ONA) d'autre part, devrait entrer en vigueur en janvier 2006 après entérinement par le prochain Conseil des ministres. L'annonce en a été faite hier par le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, lors d'un point de presse à Biskra (450 km au sud-est d'Alger), où il était en visite d'inspection. Le contrat qui concerne la gestion du secteur de l'eau à Alger avec la création de la Société des eau et d'assainissement d'Alger (SEAL) a déjà soulevé les craintes des syndicalistes du secteur qui redoutent des compressions du personnel. Les villes de Constantine, Annaba et Oran seront également amenées à adopter le même dispositif. Les appels d'offres pour la « gestion déléguée » concernant ces villes seront lancés dans la période décembre 2005-janvier 2006 sur la base du cahier des charges élaboré par la Banque mondiale, a également indiqué M. Sellal. Il a précisé que l'ensemble des entreprises du secteur hydraulique, toutes déficitaires selon lui, ont été regroupées le 11 décembre sous la coupe de l'ADE, « en concertation avec le partenaire social », a-t-il précisé. L'ADE devra s'installer également à Biskra courant janvier 2006. Le ministre a renouvelé son refus d'augmenter le prix de l'eau, bien que, selon lui, « nous restons loin du prix réelle ». « Par contre, tout le monde doit payer, c'est cela le rôle de l'ADE, chacun selon sa capacité. L'Etat continuera à subventionner le prix de l'eau », a-t-il déclaré, rappelant que 840 communes ne payaient pas la facture d'eau. Pourquoi ne pas ouvrir un débat avec les citoyens, sur le plan régional et national, autour de la politique de l'eau ? Le ministre a indiqué qu'il s'agit plus de « sensibilisation » des acteurs sociaux, donnant l'exemple de l'irrigation économique au goutte-à-goutte largement employée, selon lui, notamment dans la wilaya de Biskra. « L'Algérie est en train de régler le problème des ressources, reste la gestion et les questions de l'économie de l'eau. Malheureusement, nous avons des réflexes de riches : quand il y a de l'eau, on gaspille », a-t-il appuyé. La wilaya de Biskra ne souffre pas d'un manque d'eau, mais plutôt d'une surexploitation des ressources. La priorité, selon M. Sellal, reste l'assainissement : une station d'épuration pour la ville de Biskra sera inscrite avant la fin de l'année 2005 dans le cadre du programme 2005-2009. Le programme de réhabilitation des réseaux d'AEP de 12 villes touche également Biskra avec comme souci « une meilleure répartition de l'eau et un effort pour la qualité », selon les propos du ministre. Celui-ci a inspecté, hier matin, la station de déminéralisation d'Ouled Djellal (120 km de Biskra), qui devra appuyer les apports du champ de captation de Bir Naâm (50 km de Biskra), mis en service en novembre 2004, comptant 5 forages en attente de deux supplémentaires et dont la zone a été déclarée par arrêté de wilaya « périmètre protégé », c'est-à-dire réservé à la consommation domestique et non à l'irrigation. L'idée d'une « télégestion » serait à l'étude, vu l'entendue du projet (46 km de transfert). Le déficit de stockage au niveau de la wilaya est de 20 000 m3 selon le wali qui a demandé au ministre des apports financiers conséquents. M. Sellal a annoncé la tenue prochaine d'un conseil du gouvernement qui se penchera sur le fonds du Sud complémentaire et a exhorté ses interlocuteurs à prévoir des réservoirs de plus de 1000 m3 de capacité pour « assurer une autonomie d'au moins trois jours en cas de panne ». Un réservoir de 5000 m3 dans la zone ouest de Biskra devra être réceptionné fin mai 2006. La 4e tranche du projet de drainage des palmeraies des Ziban dans la commune de Lioua (46 km de Biskra) a été par ailleurs lancée hier. Sur un autre plan, le ministre a indiqué que le dossier des eaux minérales et de source suivait son cours et trois agréments ont été octroyés récemment. « Il n'y a pas beaucoup d'eau minérale », a-t-il dit, rappelant qu'il fallait mettre en place une réglementation du secteur. « On est resté à une réglementation touchant le nitrate par exemple stipulant un seuil minimal de 20% alors qu'en Europe et selon l'Organisation mondiale de la santé il est de 50%. Nous devrons actualiser », a déclaré M. Sellal qui est rentré hier soir à Alger.