Les 8 propriétaires des établissements hôteliers affirment avoir porté plainte, vendredi dernier, contre 25 personnes pour «actes de violence» et «destruction de biens privés». Jamais la station balnéaire de Tichy n'a vécu des événements aussi dramatiques que ceux survenus durant la folle nuit de jeudi dernier. Hier, les propriétaires des hôtels implantés tout au long de ce beau littoral, à une vingtaine de kilomètres de Béjaïa, s'affairaient à recenser les énormes dégâts subis par leurs établissements. Que s'est-il réellement passé ? Comment en est-on arrivé là ? «Nous ne sommes ni des intégristes ni des islamistes. Nous ne sommes pas contre la consommation d'alcool, mais nous réclamons de l'Etat qu'elle mette un terme à la prostitution», affirme un habitant de Tichy qui avait participé à un rassemblement de protestation, jeudi dernier. «Nous ne sommes ni une organisation ni un quelconque groupe idéologique. Nous n'avons pas de chefs. Nous sommes la population et nous combattons le tourisme sexuel», précise encore cet habitant. Au moment où nous mettons sous presse, un groupe d'habitants de Tichy s'apprêtait à se réunir pour «faire le point sur les événements de jeudi et arrêter des actions à entreprendre pour mettre un terme au phénomène de la prostitution». Retour sur ces événements. Jeudi à 21h, des dizaines de jeunes ont d'abord fermé la RN9 à la circulation. Au même moment, une foule s'est rassemblée devant le commissariat de police de la daïra de Tichy pour réclamer l'intervention des policiers visant à mettre un terme à la prostitution qui prolifère depuis une vingtaine d'années. 22h. Le ton monte, les esprits s'échauffent. C'est le dérapage. Certains jeunes se déchaînent et s'attaquent, à l'aide de projectiles en tout genre, aux hôtels et aux discothèques, mais aussi aux voitures stationnées dans les parkings de ces établissements. «Certains étaient encagoulés, d'autres agissaient à visage découvert», relate un témoin. Tour à tour, le Club Aloui, le Syphax, la Grande terrasse, le Saphir bleu, la Villa d'Este, le Golf ainsi que deux autres hôtels ont été ciblés par des actes de saccage. Le Golf, la Grande terrasse et le Saphir bleu sont ceux qui ont subi le plus de dommages. A la Villa d'Este, la façade vitrée du restaurant, au premier étage, a été endommagée par des projectiles. Pour les clients qui étaient en train de dîner ce soir-là, c'était sauve-qui-peut. Plusieurs dizaines de voitures ont vu leurs vitres voler en éclats. De leur côté, les huit propriétaires d'établissements hôteliers affirment avoir porté plainte, vendredi dernier, contre 25 personnes pour «actes de violence» et «destruction de biens privés». Cette action a été décidée lors d'une réunion tenue vendredi par les exploitants d'hôtels qui ont subi des actes de vandalisme. «Certains clients dont les véhicules ont été saccagés ont aussi porté plainte contre X», affirme un chef d'établissement. «Cela fait quarante ans que j'exerce cette activité hôtelière, je n'ai jamais vécu une telle violence», affirme le propriétaire d'un complexe touristique. «Une soixantaine de jeunes ont défoncé le portail et cassé les vitres avant de s'en prendre aux voitures stationnées dans le parking. Un assaillant a tenté de détruire la conduite de gaz à l'aide d'un marteau. Il voulait provoquer un incendie», relate un propriétaire d'un établissement hôtelier. «Les dégâts sont énormes. Les familles étaient choquées par ces actes d'une folie indescriptible», dit un autre exploitant d'hôtel. «Nous ne sommes pas contre ceux qui combattent la prostitution, mais moi j'exerce cette activité hôtelière en respectant toutes les lois», affirme un propriétaire d'hôtel. «Les auteurs de ces actes de violence sont connus. Ils n'ont rien à voir avec le combat pour la préservation des bonnes mœurs. Certains boivent même de l'alcool. Ils ont profité de l'occasion pour perpétrer des actes de violence», dit un gérant d'hôtel. Un autre hôtelier relate qu'«un individu, qui tentait de subtiliser le fonds de caisse de la discothèque, a été arrêté par un agent de sécurité qui l'a livré à la police». De son côté, un habitant de Tichy se plaint : «On ne peut pas sortir en famille. Des filles sortent de ces discothèques en tenue indécente et gênent nos familles et nos enfants», affirme-t-il, tout en disant «condamner le recours à la violence et à la destruction des biens». «Nous sommes, insiste-t-il, pour un combat pacifique pour la préservation des mœurs sans recours à la violence.»