Sonatrach et Gas Natural se réunissent périodiquement, mais les négociations restent confidentielles, a fait savoir le conseiller économique et commercial auprès de l'ambassade d'Espagne à Alger, Inigo Febrel. Il indiquera que «les compagnies des deux pays se réunissent pour arriver à une solution durable pour elles et pour leurs pays respectifs » car «l'importance de la consommation de gaz algérien a des effets sur la productivité de l'industrie espagnole et de ce fait de son économie». Ainsi, le représentant diplomatique espagnol à Alger espère que les deux compagnies en conflit sur le prix du gaz arriveront à une solution rapide et satisfaisante. Il faut dire que ce contentieux a débouché sur un arbitrage international à l'issue duquel Sonatrach a eu gain de cause, en décrochant le paiement d'une indemnité de 1,5 milliard d'euros avec effet rétroactif, mais Gas Natural a fait appel. Selon M. Febrel, les deux compagnies essaient de régler ce différend «à l'amiable» sans passer par les tribunaux. Il ajoutera : «L'arbitrage a fixé des quantités et la compagnie espagnole est disposée à y faire face. Elle veut également résoudre toutes les questions qui sont sur la table des négociations». La partie espagnole est optimiste de l'issue de cette affaire et même s'«il est vrai que la compagnie espagnole a fait appel, il n'est toutefois pas nécessaire de recourir encore à l'arbitrage international». Pour rappel, en 2007, Sonatrach a décidé de réévaluer le prix du gaz vendu à travers le Gazoduc Maghreb Europe (GME) transitant par le Maroc, qu'elle estimait de 20% en dessous de celui pratiqué sur le marché international, au groupe catalan Gas Natural Fenosa (GNF). Une demande qui s'est heurtée à un refus de la part des espagnols durant trois ans. La compagnie algérienne a fini par recourir au tribunal d'arbitrage de Paris qui avait rendu son verdict en faveur de Sonatrach. Ainsi, Gas Natural devait payer une somme estimée à 1,5 milliard d'euros avec effet rétroactif depuis 2007. Dans un communiqué rendu public à l'époque, la compagnie espagnole a fait part que «les effets rétroactifs maximums facturés par Sonatrach à Gas Natural pourraient s'élever à une somme de 1,97 milliard de dollars », soit 1,4485 milliards d'euros. En novembre dernier, un tribunal fédéral suisse a suspendu le jugement du tribunal arbitral de Paris qui avait condamné trois mois auparavant, (en août), le groupe gazier espagnol Gas Natural à verser le dédommagement à Sonatrach. Cette affaire n'est pas une première dans le secteur entre les deux pays, puisque Sonatrach a également rompu le juteux contrat du projet de Gassi Touil, à cause des retards dans la phase de réalisation par les compagnies Gas Natural et Repsol, et a obtenu en sa faveur un verdict du tribunal de Genève en novembre 2009. L'Algérie, un fournisseur «fiable » Dans le secteur de l'Energie, les espagnols considèrent l'Algérie comme un partenaire très important, selon le conseiller économique et commercial espagnol. L'Algérie est un fournisseur des hydrocarbures, notamment du gaz, fiable, en témoigne-t-il. En effet, l'Algérie, premier fournisseur de l'Espagne, devant le Nigeria et le Qatar, le gaz algérien couvre près de 30% des besoins de ce pays. Les deux pays sont reliés depuis 1996, via le Maroc, par le gazoduc Maghreb Europe (GME) qui alimente également le Portugal en exportant 12 milliards de mètres cubes de gaz vers l'Europe. Depuis le 1er avril dernier, un deuxième gazoduc, le Medgaz reliant Beni Saf en Algérie à Almeria en Espagne, est opérationnel, pour porter la part de marché de Sonatrach à 55% des besoins espagnols en gaz. Sonatrach détient 36% de Medgaz, devant les espagnols Cepsa et Iberdrola (20% chacune), Endesa et Gaz de France (12% chacune), après le retrait en décembre 2006 des groupes pétroliers BP et Total. Le Medgaz, qui exportera 8 milliards de mètres cubes vers l'Europe, a coûté plus d'un milliard d'euros avec un prêt de la Banque européenne d'investissement (BEI) de 500 millions d'euros.