L'Algérie ne fournit pas assez d'efforts dans la lutte contre la contrefaçon. Le phénomène ne cesse pas de prendre de l'ampleur et affecte divers segments du marché des biens de consommation, produits au niveau local ou importés. Mais en dépit des conséquences désastreuses que le fléau continue de générer sur l'économie nationale, les pouvoirs publics font preuve d'indifférence plutôt que de se mobiliser à travers le renforcement des moyens de lutte et l'assainissement du marché en éradiquant les produits contrefaits. En revanche, l'absence d'une réelle volonté pour éradiquer la contrefaçon n'est pas sans conséquences sur l'image que reflète l'Algérie : en 2009, un organisme américain a classé notre pays à la troisième place, derrière la Chine et la Russie, sur la liste des pays affectés le plus par le fléau de la contrefaçon. Cependant, le consommateur algérien, lui aussi, semble contribuer à la prolifération des produits contrefaits en préférant acheter à bas prix sans se soucier de la provenance du produit. Or, de l'avis des opérateurs économiques et des spécialistes en la matière, la lutte contre la contrefaçon est une affaire de tous et requiert l'implication de toute la société, du simple citoyen aux hautes instances du pays. La filière des produits cosmétiques est la plus touchée par ce phénomène. En 2007 déjà, le constat dressé par le ministre du Commerce de l'époque est alarmant : «Sur 500 échantillons analysés (par des laboratoires) en 2007, 238 sont non conformes aux normes requises ; ce qui représente un taux de 48% des produits contrefaits ou périmés». A la même période, les services de douanes confirment cette tendance en précisant que «les produits cosmétiques et d'hygiène occupent la première place des produits saisis durant l'année écoulée avec un taux de 30,86%». Mais le plus alarmant c'est lorsque la situation n'a fait que s'aggraver près de 4 années plus tard. Interrogés dans le cadre de ce dossier, le directeur général des laboratoires Venus cosmétiques et le président de l'association nationale de défense des droits des consommateurs sont unanimes quant à la nécessité d'associer le consommateur à la lutte contre la contrefaçon. Plus de 330 000 DA de saisies à Blida La direction du commerce de la wilaya de Blida a saisi, durant l'année écoulée, plusieurs produits cosmétiques périmés ou contrefaits (gel, shampoing, différentes crèmes et autres maquillages). La valeur globale des saisies opérées dans cette wilaya en l'espace d'une année seulement dépasse les 300 000 DA. Les éléments de la même direction ont arrêté, fin 2010, un fabricant clandestin de serviettes hygiéniques en plein centre de Blida. Ce même fabricant cédait des produits contrefaits sous le label d'une grande marque. Et dire que la contrefaçon est, non seulement préjudiciable à l'économie nationale, mais elle peut aussi constituer un véritable danger pour la santé du consommateur. Egalement durant 2010, près de 1000 unités de produits de beauté de marque Bourjois ont été saisis par la direction régionale du commerce de Blida, dont des déodorants. Pour Aït Abderahmane Abdelaziz, premier responsable de cette direction, il est difficile de dire que tel ou tel produit est contrefait tant que son emballage et son étiquetage sont conformes à la législation. «En cas de doute, il est impératif aux producteurs locaux ou aux représentants des firmes étrangères de déposer plainte contre le fabricant suspecté et c'est à la justice de trancher par la suite», a expliqué ce responsable. Notre interlocuteur nous a déclaré par ailleurs que le premier laboratoire d'essai en Algérie est en cours de réalisation à Alger. Ainsi, n'importe quel produit suspect «transitera» par ce centre pour confirmer ou infirmer le doute. Il permettra donc de minimiser le phénomène de la contrefaçon dans notre pays. «Le consommateur doit aussi être averti. Il n'est pas normal qu'un produit issu d'une grande marque soit cédé à des prix défiant toute concurrence», a-t-il ajouté.