La localité est durement touchée par le terrorisme. Beggas, un village situé à 10 km au nord-est de la commune de Kadiria, vit dans l'anonymat. Il est constitué de plusieurs hameaux perchés sur les hauteurs de la ville, à la lisière d'une dense forêt aux limites territoriales avec la commune de Tizi Ghenif (wilaya de Tizi Ouzou).Beggas a perdu de sa vitalité et de son lustre d'antan au lendemain de l'avènement du terrorisme dans les années 1990. La région avait été durement touchée par ce phénomène. Beaucoup d'habitants ont déserté leurs terres pour aller bâtir des logements de fortune au chef-lieu communal et dans d'autres agglomérations de la wilaya. Des dizaines de familles avaient été obligées par les groupes armés de quitter leur douar pour s'installer ailleurs. Ahmed, quinquagénaire, explique les raisons qui l'ont conduit avec sa famille à quitter le village durant ces années de feu et de sang. «Nous avions vécu l'enfer. Les groupes islamistes armés circulaient de jour comme de nuit dans notre village. Nous étions terrorisés, obligés d'abandonner tout», se souvient-il. Il avoue que la situation sécuritaire dans la région est toujours tendue. D'ailleurs, des attentats ont été perpétrés au début du mois courant par des groupes armés dans la région de Kadiria. Les familles qui ont accepté le retour vers leurs terres, n'ont rien trouvé qui puisse les encourager à y rester. Rien n'existe dans ce douar perdu, hormis l'enfer et la misère, ajoute-t-il. C'est une localité qui manque de tout ; l'eau potable, les routes (complètement dégradées), structures sanitaires (inexistantes), et absence de diverses autres commodités, facteurs principaux ayant contraint des familles entières à abandonner leurs terres. «L'enclavement, l'isolement, l'oubli de notre localité par les pouvoirs publics, nous ont coupés du reste du pays», relate notre interlocuteur, désespéré de par la progression de la pauvreté dans la région. Même si les villageois se consacrent aux activités agricoles, la précarité de leurs conditions de vie demeure frappante. L'autre problème dont souffrent ces montagnards est celui de leur non raccordement au réseau du gaz naturel, alors qu'ils ne cessaient depuis longtemps de réclamer cette commodité, nécessaire pour la population, contrainte qu'elle est de se rabattre à la butane, non seulement difficile à acquérir mais en plus à un prix fort, dès qu'une vague de froid est annoncée. Des familles nécessiteuses, qui ne peuvent se permettre une bonbonne de gaz, optent tout bonnement à la coupe de bois, avec les durs coups que l'on sait, portés au tissu végétal de la région. Côté infrastructures publiques, Beggas ne dispose ni de salle de soins, ni de structure sportive ou culturelle, ni encore moins de maison de jeunes. «En cas d'urgence pour quelque malade que ce soit, nous sommes obligés de nous débrouiller pour l'acheminer vers le centre de soins de la ville de Kadiria ou celui de la commune voisine, Tizi Ghenif, dans la wilaya de Tizi Ouzou», fera remarquer un villageois. Pour se faire entendre, des dizaines d'habitants de Beggas ont procédé, au début de la semaine dernière, à la fermeture du siège de l'APC de Kadiria, qu'ils ont occupé durant trois jours, en revendiquant alors le raccordement de leur localité au réseau du gaz de ville, la réalisation d'une salle de soins, le revêtement des routes et la réfection du réseau AEP. Refusant tout dialogue avec les autorités locales, les manifestants demandaient la présence du wali sur place. Ils attendent aujourd'hui la réaction des pouvoirs publics, quant à l'expression de toutes ces souffrances de la population.