Les travailleurs de l'habitat et de l'urbanisme, Dlep et Duc, ont procédé, hier, à l'installation d'une section syndicale relevant du syndicat autonome du personnel de l'administration publique (Snapap). A ce titre, ils ont désigné, par voie de suffrage, cinq fonctionnaires, dont trois titulaires et deux suppléants. Le secrétaire général du bureau de wilaya, Mourad Djebbas, qui a supervisé l'opération, nous dira que c'est à la demande des travailleurs que cette section syndicale voit le jour. « C'est en référence à la loi 90-14 qui stipule l'exercice du droit syndical », précise-t-il. Le syndicat compte déjà une centaine d'adhérents, soit 50% des travailleurs, sachant que le seuil de représentativité requis est de 20%, nous fait-on savoir. Nous apprenons, en outre, par les travailleurs que quatre fonctionnaires ont été mutés au lendemain de l'arrêt de grève, -ce dimanche-, dans le cadre d'un remaniement du personnel. « Nous ne sommes nullement contre le principe du remaniement, et nous ne refusons pas le travail, quel qu'il soit. Mais dans ce cas, nous estimons que ce sont des sanctions déguisées, car les mutations sont tombées le premier jour de la reprise du travail », disent-ils unanimement. Nous avons questionné le directeur du logement et des équipements publics (Dlep), Mohamed-Cherif Kouita, à propos de ce remaniement, et voici sa réponse : « C'est un mouvement normal ; si on sanctionne les gens, on met carrément fin à leurs fonctions ; ça n'a rien à voir avec la protestation, j'ai le droit de démettre n'importe qui, et je ne cèderai pas d'un iota. La justice a tranché pour la réouverture des bureaux ; ces travailleurs auraient pu être révoqués parce qu'ils n'avaient pas assuré le service minimum, comme le stipulent les lois de la République.» D'autre part, les travailleurs nous apprennent que le wali a intenté une autre action en justice à l'encontre des deux représentants des travailleurs de la Dlep et de la DUC, pour « grève illégale ». Pour rappel, ces mêmes fonctionnaires ont déjà fait l'objet d'une première poursuite judiciaire de la part du chef de l'exécutif le 2 mai en cours, pour « entrave au travail et fermeture des bureaux, empêchant les travailleurs d'y accéder ». Interrogé dans ce sens, l'avocat des travailleurs de la Dlep et de la Duc, Me Zoubir Soudani, nous livre ces précisions : « Pour moi l'accusation n'est pas recevable car il s'agit d'organismes d'Etat ; le seul habilité à les actionner en justice c'est le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, d'autant plus qu'au moment des faits ils n'étaient pas membres d'un syndicat ou de la Coordination. C'est surprenant que le wali fasse une action de fond, où il faut au moins trois mois à la justice pour voir si la grève est légale ou pas ; entre-temps, l'affaire devient sans objet, puisque ces travailleurs ont arrêté de débrayer. »