La nouvelle ville de Boughezoul, est-ce un projet réel ou virtuel ? C'est une interrogation que d'aucuns n'ont pas manqué de poser lors de l'exposé de ce projet, mardi dernier, à l'université Farès de Médéa. Le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, Cherif Rahmani, qui l'a présenté ce jour-là, a rassuré que ce projet, qui sera, selon ses dires, d'« une dichotomie socioculturelle et civilisationnelle », est « une aventure sans risque ». Aura-t-elle le statut de future capitale du pays ? Pour le ministre, seul le président de la République peut trancher cette question. Il a, en revanche, précisé que le projet a été le fruit d'une étude minutieuse au niveau central. La réalisation d'un projet d'une telle envergure a nécessité une large concertation entre les partenaires concernés et un travail de proximité pour recueillir les données techniques, démographiques, socioéconomiques et culturelles pour rompre avec la vision traditionnelle en matière d'urbanisme, celle de la création de « villes-dortoirs », a-t-il dit. Les pouvoirs publics semblent ainsi avoir compris la nécessité d'un réaménagement profond du territoire pour faire face à une urbanisation anarchique et une démographie galopante. La réalité sur le plan de l'urbanisme est on ne peut plus amère. L'Algérie a réalisé, en trente ans, 600 regroupements urbains, 300 zones d'habitation urbaines nouvelles (ZHUN) et 30 villes nouvelles sans l'établissement, au préalable, de plans d'urbanisme, ni d'aucune étude architecturale et sans planification, selon Cherif Rahmani, qui prévoit que les grandes villes connaîtront un flux de 15 millions d'habitants d'ici à 2025. Selon le ministre délégué à la Ville, Abderrachid Boukerzaza, plus de 80% des Algériens peuplent la bande agricole du Nord, soit quelque 10% du territoire national. Le taux est éligible à la hausse. La population des grandes villes avoisinera les 80%, en 2020, alors qu'elle est estimée aujourd'hui à près de 58%, selon M. Boukerzaza. Un constat qui suscite, irrémédiablement, une prise de conscience chez les pouvoirs publics. Ils seront contraints de mettre en œuvre de nouvelles visions plus complètes et plus intégrées pour l'aménagement urbain. « Face à la poussée démographique dont souffre le nord du pays qui se trouve aujourd'hui au bord de l'asphyxie, déclare Cherif Rahmani, nous avons opté pour une politique urbanistique harmonieuse pour un plus grand équilibre des villes et par conséquent une meilleure qualité de la vie. » Vision géostratégique La nouvelle ville de Boughezoul, créée dans le cadre de la mise en œuvre de l'option Hauts-Plateaux Sud que prévoit la loi 01/20 du 12 décembre 2001 relative à l'aménagement et au développement durable du territoire et du Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT), semble être un exemple de cette vision géostratégique de « villes nouvelles » venue corriger les erreurs du passé. Située à la limite du territoire entre Médéa et Djelfa, cette future ville qui, dans sa première phase, démarrera en 2010, sera dotée de technologies avancées permettant le développement de la recherche scientifique. Elle aura également un programme d'habitat de quelque 350 000 logements ainsi que des équipements collectifs éducatifs, universitaires, hospitaliers, culturels, sportifs et administratifs. Des infrastructures économiques, commerciales, touristiques et industrielles sont également prévues en plus de structures de transport (routes, espaces publics, réseaux ferroviaires, gares routières). Ce projet, qui sera doté d'un aéroport international, comprend également des parcs urbains, des infrastructures techniques, des équipements publics d'accompagnement, des services urbains et des services de proximité ainsi que des espaces verts récréatifs et de loisirs. Ce qui fait d'elle une ville moderne. M. Rahmani a retenu l'option de la nécessité de développer, en priorité, les pôles économiques. Comme il a été fixé comme autre objectif de réaliser, à court terme, la réhabilitation et la modernisation du lac, autour duquel sera érigée la nouvelle ville, la préservation de l'écosystème et la répartition efficiente et optimale des 3600 ha destinés à l'implantation des projets structurants. Pas moins de 75 000 logements sont prévus pour abriter une population de 350 000 habitants à l'horizon 2025. Ce projet, pour lequel Cherif Rahmani a relevé une réelle volonté politique en plus de la maîtrise des études techniques et de la disponibilité des ressources financières comme préalables à sa concrétisation, prévoit également la création de 122 500 postes d'emploi. A court terme, les études initiales élaborées par le ministère fixent comme objectifs la réhabilitation et la modernisation du lac, la préservation de l'écosystème et la répartition efficiente et optimale des 3600 ha destinés à l'implantation des projets structurants. Le projet de la nouvelle ville de Boughezoul aura toutes les caractéristiques d'une « ville écologique au sein de laquelle toutes les technologies seront maîtrisées », conclura M. Rahmani.