«L'idée est nouvelle : associer sociologues et historiens aux travaux de recherches des sciences de la mer. L'évolution ‘‘physique'' du bassin algérien est visible, mais qu'en est-il de l'adaptation de la population à la sécheresse, à la problématique des stocks de pêche par exemple ? Comment prévenir tel ou tel problème ?», explique Aït Ameur Nadira, maître de conférences à l'Ecole nationale supérieure des sciences de la mer et de l'aménagement du territoire (ENSSMAL), docteur en océanologie, commentant les résultats de l'atelier Mediterranean Integrated Studies at Regional and Local Scales (Mistral) qui s'est déroulé fin mars-début avril à Malte. Le workshop a été organisé afin de faire le point sur les différents projets de recherches autour de la Méditerrané et des défis qu'impose l'impact humain sur l'environnement. Deux autres chercheurs algériens ont également participé à cet atelier et présenter leurs travaux : les chercheurs Guerfi de l'ENSSMAL et Derridjde de la faculté de biologie et d'agronomie de Tizi Ouzou. «J'ai proposé un projet scientifique sur l'impact de centre urbain sur la pollution marine, en prenant comme référent la ville d'Alger. Un autre projet de chercheurs français étudie le cas de Marseille», indique Nadira Aït Ameur, qui a été invité en tant que chercheuse à l'ENSSMAL, mais aussi en tant qu'activiste au sein du Rasmer, le réseau algérien de recherches en sciences de la mer, créé fin 2009. L'intérêt de ces rencontres est de réaliser des croisements entre plusieurs disciplines, de l'océanographie à l'histoire : «Il faut revenir à l'état initial, c'est-à-dire avant l'intervention humaine et retracer l'histoire. Les problèmes liés aux stocks de pêche ou aux séismes ont toujours existé, il s'agit de bien connaître l'histoire pour mieux prévenir. La Méditerranée est un océan en miniature qui répond vite à la pression anthropique. C'est un modèle idéal pour les chercheurs», indique la chercheuse. A la fin du congrès à Malte, une proposition a été faite pour lancer prochainement un consortium englobant les pays du pourtour méditerranéen dont l'objectif est de présenter les thématiques de recherches interdisciplinaires, croisées dans le but d'avoir une vision régionale et globale de la réponse de la Méditerranée aux changements climatiques et aux pressions anthropiques. «Nous sortons ainsi d'une ‘‘coopération euroméditerranéenne'' pour s'engager dans une ‘‘co-construction méditerranéenne''. Il ne s'agit plus pour les pays du Sud d'appliquer des projets intégrés», conclut la chercheuse.